Bang Bang Bang (Petit Polar n°312)

jeudi 27 mars 2014


Bang Bang Bang ! Tout est dit, il ne vous reste plus qu'à vous trémousser sur le rythme Acid Jazz des Young Diciples and Co. Un petit polar dansant...



Et n'oubliez pas votre petit polar n°311 du côté de chez K-Libre.

Terminus mon ange, Lilian Bathelot

mercredi 26 mars 2014


Le polar ferroviaire a un représentant qui a marqué tous ses lecteurs : Londres Express de Peter Loughran. Terminus mon ange est aussi un huis-clos dans un wagon, avec le récit-confesssion d'un personnage qui chemine vers la destruction. 

"Alors, pourquoi ce qui est juste et beau dans des films superbes, ça deviendrait exactement le contraire quand c'est en vrai qu'on essaye de le faire, d'être beau et juste, autant que c'est possible dans cette époque ni belle ni juste, et plutôt triste à cause de ça faut bien le reconnaître."

Un homme et une femme se retrouvent seuls dans un compartiment. Observation, regards, paroles... Il vaut mieux ne pas dire grand chose de leur histoire, sous peine de tout dire. Ça tombe bien, l'intérêt de ce court roman vient aussi du style. D'abord, le narrateur se dévoile à coups de comparaisons ramenant à un temps meilleur. Le procédé est un peu lourd et puis il s'allège en même temps que le face à face progresse. Les longues phrases de Lilian Bathelot tournent autour de leur sujet et dessinent les contours du narrateur : un braqueur traqué. L'écriture tranche face à cette mode qui consiste à produire des phrases courtes, définitives et spectaculaires.

Avec Terminus mon ange, l'auteur installe son lecteur dans une sorte de film muet où tout se passe dans les silences et les effleurements. C'est un voyage pour décider d'une vie, une heure intense et décisive pour le personnage principal.

Lilian Bathelot, Terminus mon ange, La manufacture de livres, 2014. 10 €

Caroline de Benedetti

Morning Final (Petit Polar n°310)

jeudi 20 mars 2014


Si l'album Agents Of Fortune (CBS, 1976) contient un des titres les plus connus du Blue Öyster Cult (voir Petit Polar n°136), il propose un deuxième petit polar. Morning Final raconte un meurtre qui eut lieu dans le métro New Yorkais à un endroit où Joe Bouchard (membre du groupe) avait l'habitude de passer.

The Lost (Chris Siverston, 2005)

mardi 18 mars 2014


Ray Pye (Marc Senter) est un homme jaloux, immature, narcissique, manipulateur et violent. Les autres sont à ses bottes (dans lesquelles il met des canettes de bière écrasées pour paraître plus grand), enfin pas tous les autres... Les filles qu'il collectionne réagissent différemment ; et la police a l’œil sur lui. 

Quelque chose de Donnie Darko (en plus sombre) et un soupçon de Twin Peaks planent sur certaines situations. Malgré quelques longueurs et des répétitions The Lost arrive à planter un personnage de psychopathe bien réussi. À l'image de la scène d'amour au bord du lac, ou du final particulièrement crispant, certaines scènes inhérentes au genre (entre film d'épouvante et chronique criminelle noire) sont bien tournées et surprenantes. Le film aurait sûrement gagné à être étalé sur plusieurs épisodes afin de pouvoir approfondir les diverses situations qui ne sont qu’effleurées sans être de véritables intrigues secondaires (histoire d'amour jeune/vieux, relation parents/jeunes adultes, petite ville, etc) et qui du coup ralentissent un peu l'action. Quoi qu'il en soit, le lot de moments réussis et le jeu d'acteur de Marc Senter valent largement le coup, faisant de ce premier film de Chris Sivertson un film prometteur. 

Notez au passage que The Lost est adapté d'un roman de Jack Ketchum (The Lost) ; un auteur que Stephen King compare à Clive Barker et Jim Thompson. Ah oui, au fait... Âmes sensibles, s'abstenir.


Emeric Cloche.



Alexis Ragougneau, La madone de Notre-Dame

lundi 17 mars 2014


Alexis Ragougneau est un auteur de théâtre. On imagine que cette expérience lui permet de savoir comment planter des personnages et tenir une histoire. Peut-on reprocher ses qualités à un roman ? Peut-on se sentir gêné de percevoir l'application à mettre en place les bons ingrédients ?

La madone de Notre Dame est une jeune femme vêtue de blanc, dont le cadavre est retrouvé figé comme une statue sur un banc. Le vagin collé à la cire. La symbolique est là, l'élément marquant aussi.
Le lieu du crime, la cathédrale Notre Dame, possède une forte charge imaginaire. Site touristique, élément littéraire et cinématographique familier, il pourra sans peine se prêter au jeu de la tarte à la crème : rapprocher les personnages de Ragougneau et ceux de Hugo. Mettez une femme dans une cathédrale, ça n'en fait pas Esmeralda.

Les personnages, parlons-en. Ils sont dotés des qualités nécessaires à toute bonne histoire : drame personnel et élément caractéristique. Kern, le prêtre enquêteur, est plus proche d'un Poirot en soutane ou d'un Père Brown que d'un Quasimodo. Prisonnier d'un petit corps d'un mètre quarante, il souffre de crises physiques et de la mort de son grand frère voyou. Aumônier de prison, il visite un condamné pour meurtre, Djibril, qui n'arrive pas à expier sa faute (et on se demande à quoi sert le personnage). La justice et la police se tiennent à côté de l'homme de Dieu. Claire, la substitut du procureur, est une jeune femme hargneuse dont le tempérament cache un drame de jeunesse. Landard le mauvais flic travaille en binôme avec Gombrowicz le sensible. Quant au suspect, il prend la forme d'un "ange blond", jeune homme déséquilibré à la sexualité honteuse. À leurs côtés il y a la dame Pipi, Kristof le clodo polonais et Mourad le surveillant de la cathédrale.

Certaines scènes du roman peuvent faire surgir les images de Montgomery Clift dans I Confess
(La loi du silence, Alfred Hitchcock)

À toute cette galerie l'auteur n'a pas manqué d'associer un fond. Il lie les racines de son histoire à la guerre d'Algérie et ramène le crime à une de ses causes habituelles : le sexe. Indéniablement, tous les ingrédients sont là. De plus l'écriture s'avère plaisante et la scène d'introduction est prometteuse. Mais la recherche de l'identité du coupable ne mobilise guère les neurones du lecteur, le roman étant court et les personnages finalement assez peu développés. Il reste cette impression de lire un travail honnête et agréable, traversé par quelques belles scènes (le prêtre vacillant face au sein blanc de la prostituée) sans que tout ça ne fasse frémir un cil. 

Alexis Ragougneau, La madone de Notre-Dame, Viviane Hamy, 2014. 17 €, 202 p.

Caroline de Benedetti

Un clip pour le 17e Indic

dimanche 16 mars 2014

L'INDIC n°17 est sorti il y a une semaine. Pour l'occasion Alain Fonda et Matthieu Goyal ont réalisé ce clip qui devrait rappeler des souvenirs aux amateurs de films noirs... 


Vous pouvez aussi le visionner sur Vimeo (en HD) : Un Clip pour L'Indic n°17. N'hésitez pas à le faire tourner et à vous abonner si ce n'est pas déjà fait. Merci à vous.

Un abonnement, un cadeau (14)

vendredi 14 mars 2014


Pour la sortie de cet Indic nous avons une nouvelle fois un cadeau pour les 5 prochains abonnés (ou réabonnés). Alors attention, voilà pour vous Nu dans le jardin d'Eden, de Harry Crews. Si vous ne connaissez pas encore cet auteur américain, lisez la chronique du roman. Quant à nous, nous remercions les éditions Sonatine et Olivia Castillon pour ce cadeau.



Abonnement : 18 euros les 3 numéros
règlement par chèque à l'ordre de Fondu Au Noir, 2 rue Marcel Sembat - 44100 NANTES

Turn The Page (Petit Polar n°307)

jeudi 13 mars 2014


Turn The Page est une reprise de la chanson de Bob Seger par Metallica pour l'album Garage Inc. (Elektra, 1998). Si la chanson originale parle des hauts et des bas d'une rock star, Metallica lui donne un autre sens avec le clip réalisé par Jonas Akerlund et qui met en scène Ginger Lynn Allen. Un petit polar pas pour les enfants...


Et n'oubliez pas votre petit polar n°306 du côté de chez K-Libre.

Harry Crews, Nu dans le jardin d'Eden

mercredi 12 mars 2014


Nu dans le jardin d'Eden est le roman exubérant de la vie au fond d'un trou, sur le bord d'une autoroute où les touristes observent au télescope la misère transformée en folklore. On y abat les idoles, à moins qu'elles ne finissent en cage...

Harry Crews fait partie de ces auteurs qui vous laissent des images fortes en tête. Ses personnages  sont tous affublés de caractéristiques marquées, ses histoires baignent dans un univers original et son écriture sert le tout à la perfection.

"Si je dois vivre dans un trou, alors personne ne peut vivre sur une colline."

La petite ville de Golden Hills est une ville champignon, le rebut d'une ancienne usine de phosphate. Une fois le patron retourné à la grande ville et les ouvriers partis en quête d'un autre boulot, il ne reste là que quelques irréductibles. Tous sont des êtres inachevés : un héritier obèse et son majordome jockey, un foreur sans trou à creuser, un glacier à cheval qui rêve du temps de sa voiture, et une jeune femme qui veut transformer sa ville et sa vie. Dolly, superbe personnage qui a gagné son ticket pour New York en cumulant les pièces que les hommes laissaient pour se soulager la conscience d'avoir mis la main dans sa culotte d'enfant.

L'odeur des gâteaux ne s'échappe plus par les fenêtres des petites maisons du bidonville, les porte-monnaie sont à sec. À Garden Hills le travail, cette valeur sacrée, n'est plus. La ville est le théâtre de la désindustrialisation et des rêves perdus. 

"Chacun d'eux avait déjà assimilé la première règle de l'organisation : l'obéissance. Et ils étaient déterminés à lui obéir parce qu'elle avait promis de faire refleurir leur terre ruinée."

Une fois encore (voir Des savons pour la vie) l'auteur questionne l'utilité et la finalité du travail. Il montre l'adoration envers le patron, cet homme plein de pouvoir transformé en mythe. Pour les habitants tout se résume à un objectif, répété comme un mantra "avoir un contrat". Le salaire devient la condition de la dignité et du bonheur. À moins que ce ne soit une aliénation ? Les bouseux de Golden Hills auront un autre choix que la soumission, grâce à l'imagination de Dolly. 

Cet inédit de 1969 de l'auteur américain, publié par les éditions Sonatine, en annonce d'autres que nous attendons avec impatience. Mort en 2012, Harry Crews laisse plusieurs romans non traduits en France.

Harry Crews, Nu dans le jardin d'Eden, Sonatine, 2013. 19 €, 235 p. Traduit par Patrick Raynal.

Caroline de Benedetti

Rampart (Oren Moverman, 2011)

mardi 11 mars 2014


Rampart n'est pas sans rapport avec Le Loup de Wall Street. Les deux films se concentrent sur la vie d'un salaud, mais n'est pas Scorsese qui veut. 

Dave Brown est un flic du LAPD (Los Angeles Police Department) qui emploie des méthodes violentes. Il semble se persuader qu'il fait régner l'ordre et la justice en tuant les méchants. Un personnage capricieux et autoritaire se dessine alors, très bien joué par l'acteur Woody Harrelson, qui parvient à peine à sauver le film. Certaines scènes sont ratées, inutiles (comme la scène dans la boîte de nuit), répétitives ou carrément longues. Oren Moverman surprend rarement. La faute à une réalisation plate quand elle n'est pas carrément lourde (la caméra qui tourne en rond comme dans un manège dans le bureau de Sigourney Weaver est juste insupportable).

Le scénario de James Ellroy reste basique, même si certaine éléments sauvent l'ensemble :  la famille atypique du flic ; des acteurs secondaires intéressants (Steve Buscemi, Sigourney Weaver...). Au final le personnage de pourri est plutôt bien réussi, l'ambiance fin 1990 a son charme, mais il manque une réalisation maitrisée pour que le film ne soit pas ennuyeux. L'histoire pose des questions sans répondre à une seule ce qui donne cette sensation de manque de consistance.

Le personnage de flic pourri est une figure récurrente du polar, en livre on pourra aller voir du côté de Jim Thompson avec 1275 âmes et Le démon dans ma peau, adaptés au cinéma par Bertrand Tavernier (Coup de torchon, 1981) et Michael Winterbottom (The Killer Inside Me, 2010).

Caroline de Benedetti & Emeric Cloche.
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Mademoiselle solitude, Bill Pronzini

vendredi 7 mars 2014

Si vous n'avez pas encore lu Bill Pronzini, notamment pour la série du Nameless detective (le détective sans nom), voilà une lacune à combler sans tarder. L'auteur fait partie des classiques, on trouve beaucoup de ses romans dans la vieille Série Noire, celle avec les pubs de parfum Balafre en 4e de couv'. Mais il ne faudrait pas trop l'imaginer comme un auteur qui prend la poussière. Bill Pronzini est vivant, et il continue d'écrire. Malheureusement, ses romans ne parviennent plus jusqu'en France, faute d'un éditeur pour le publier depuis 1996. L'occasion de se rattraper a été offerte par Denoël, avec la parution en 2013 de Mademoiselle solitude (Blue lonesome, 1995).



Jim Messenger est un héros banal, un comptable, même pas un anti-héros. Un jour dans un restaurant, il est touché par le désespoir d'une jeune fille. Le voilà parti dans les rues de San Francisco à la recherche de son identité.

Comme dans le magistral Le crime de John Faith, l'auteur montre un groupe d'individus liés par la haine de l'autre, cette personne qu'on ne comprend pas bien, ici une femme pas comme les autres, avec son indépendance et son caractère. Quand cette "mademoiselle solitude" est accusée d'avoir tué son mari et son enfant, toute la petite ville répand sa haine stupide, nourrie par la différence. La bêtise populaire s'étale, celle des gens ordinaires remplis de leur pseudo bon-sens. Jim Messenger "étranger en terre étrangère" va découvrir avec stupéfaction ces sentiments violents. À vivre ainsi dans le désert, la poussière et la violence latente, ce brave gars de bureau va quitter ses oripeaux de citadin et trouver un costume à sa taille. Résoudre le crime et accomplir son destin : les mamelles du roman noir, à la magistrale sauce Pronzini.

Bill Pronzini, Mademoiselle solitude, Denoël, 2013. 20,90 €, 336 p. Traduit par Frédéric Brument.

Caroline de Benedetti

Cocaïne (Petit Polar n°305)

jeudi 6 mars 2014


PLS PLS et Elijah Jones (du groupe Constellations) nous parlent de trafic de Cocaïne. Encore un clip particulièrement cinématographique et signé Video Rahim (voir Petit Polar n°305 du côté de chez K-libre).


La trace du silure, Sylvain Forge

mercredi 5 mars 2014


Après un roman consacré à la seconde guerre mondiale, Sylvain Forge change d'univers pour une pure enquête policière. Avec La trace du silure, il confirme son attachement au cadre historique en liant une enquête nantaise à l'histoire de la dictature en Argentine. Souvent, les causes des drames présents sont à rechercher dans le passé. 

Le roman n'est pas exempt de faiblesses. Le lien entre l'Argentine et le cadavre dans le bunker semble un peu improbable. L'histoire de l'extrême-droite à Nantes ne s'intègre pas vraiment à l'ensemble. En même temps, l'enquête menée par les flics possède un ton original, elle est portée par des personnages qui - si on peut leur trouver des aspects clichés - rendent l'ensemble agréable. Est-ce pour l'attachement que procure Isabelle, la jeune flic dans un monde d'hommes ? Est-ce grâce à l'étrange ambiance qui règne sur l'île où le cadavre est retrouvé ? Pour la Loire et les personnages qui l'habitent, du plongeur au flic retraité ? Parce que la mort de l'ex-flic réserve une surprise ? L'auteur montre de l'ambition. Il a épuré son style et sa maîtrise s'affirme. 

Sylvain Forge, La trace du silure, Toucan Noir, 2014. 302 p. 17,90 €

Caroline de Benedetti

La menace (Alain Corneau, 1977)

mardi 4 mars 2014


En 1977 Alain Corneau réalise son troisième long-métrage, La menace. Après Police Python et avant Série Noire. Yves Montand, Marie Dubois, Carole Laure et surtout Jean-François Balmer dans le rôle du flic, se retrouvent dans un scénario original et tortueux.

L'amant, la femme et la maîtresse. Tout commence avec un cadavre, mais sans meurtre. Tout le paradoxe est là : les personnages vont user du mensonge pour ne pas avoir l'air de coupables. Ce faisant, ils provoquent l'effet inverse.

Le film ne pose pas tant la question des conséquences de ce mensonge, que la façon dont Yves Montand peut s'en sortir, face au flic Waldeck. Les preuves sont disséminées et manipulées. L'enquête de Waldeck, arrogant et idiot, va s'égarer sur ces fausses pistes. Le spectateur assiste à la manipulation et cherche à comprendre ce qui va arriver. Le drame initial (la mort de la femme) bascule vers le thriller (l'enquête) pour finir en scènes de film d'action dans les montagnes canadiennes. L'intensité est là, jamais lourdement soulignée. Alain Corneau montre une ambition et une large palette de réalisation qui laissent songeur comparativement à la production française actuelle. La musique de Gerry Mulligan ne gâche rien à l'affaire pour ce film qui souffre tout de même de quelques petites longueurs...

Caroline de Benedetti & Emeric Cloche.



Un abonnement, un cadeau (13)

lundi 3 mars 2014



L'Indic est parfois raccord avec l'actualité, nous l'avons vu avec le numéro spécial Monde Arabe. Dans ce 17e numéro, pas de trace de conflit en Ukraine, mais un panorama des guerres. Des entretiens avec Sam Millar, Carlos Salem et Jean-Marc Berlière. La visite dans le commissariat de Nantes... des livres, des films, de la musique.

Pour la sortie de cet Indic nous avons, comme toujours, un cadeau pour les 5 prochains abonnés (ou réabonnés). Un vent de cendres, le deuxième roman de Sandrine Collette, nous a particulièrement plu pour son ambiance. Grâce aux éditions Denoël, nous l'offrons aux 5 prochains abonnés.


Abonnement : 18 euros les 3 numéros
règlement par chèque à l'ordre de Fondu Au Noir, 2 rue Marcel Sembat - 44100 NANTES
 
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