En attendant Mardi prochain où nous vous parlerons de The Rover (que vous devriez allez voir au cinéma s'il passe près de chez vous). Voici une chronique d'Animal Kingdom (précédemment publiée sur Duclock).
Le film avait tout pour ne pas me plaire : musiques appuyées, images très travaillées, personnages très marqués... sauf que ça passe bien : les scènes ne s'attardent pas, les acteurs sont bons (voir excellents) et particulièrement bien trouvés. La famille de paumés est terrible, l'avocat à gerber...
Noir c'est noir
Les scènes de familles sont implacables. Rien ne les sort de leur univers, ils sont tous centrés sur eux et n'ont aucune discussion, aucune passion qui leur permettrait de s'échapper du cercle. Leur vie semble se résumer à un combat pour faire rentrer de l'argent et rester soudés alors que le fruit est pourri.
L'effet musique et les scènes léchées
Il plane sur tout le film un espèce de décalage onirique lourd, renforcé par la musique, un ralenti (dispensable), le travail sur la photo. C'est un genre d'alchimie difficile à mettre en œuvre mais David Michôd s'en sort plutôt bien malgré son souci apparent de lécher le travail. Il en ressort une patte - une ambiance personnelle - qui pour un premier film peut mener au meilleur comme au pire par la suite. Certaines scènes, en les poussant un peu, pourraient ressembler à des publicités pour les produits laitiers... il s'arrête à temps.
Une morale
Le polar est un genre éminemment moral. Le roman d'enquête rend la justice, le roman noir pointe du doigt les dysfonctionnements de nos sociétés industrielles. Ici la morale est centrée sur une mère qui a éduqué ses enfants d'une certaine façon et sur la séparation d'avec le "monde normal". Et si la morale de l'histoire sans appel est un peu lourde elle boucle bien le propos. Le réalisateur David Michôd pause un bon polar noir.
Caroline de Benedetti & Emeric Cloche.