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Débarquée voilà deux ans, la maison d'édition
La Tengo s'est lancée avec la très parisienne collection Mona Cabriole, qui explore à chaque roman un arrondissement de la capitale, le tout baignant dans un univers musical.
La série possède les inconvénients propres à ce genre : personnage récurrent bringuebalé selon l'inspiration des auteurs, contraintes d'écriture et qualité irrégulière (mais il faudra tous les lire pour avoir une vue d'ensemble). Ainsi
Six pieds sous les vivants d'Antoine Chainas restituait à la fois l'univers de l'auteur tout en proposant une autre forme, mais dans un patchwork assez peu réussi.
La nuit ne viendra jamais de Joseph d'Anvers, s'il troublait par certaines idées narratives (cette pluie perpétuelle) restait trop classique dans l'écriture. Dernièrement
Elvis sur Seine de Stéphane Michaka s'est avéré une excellente surprise, on n'en attendait pas moins de l'auteur de
La fille de Carnegie.
Les parutions les plus innovantes et remarquables sont à chercher en dehors de cette collection, à commencer par le roman de Jérémie Guez - dont nous avons déjà dit tout le bien qu'on en pense dans l'Indic n°8 -
Paris la nuit. Du côté des essais, Marin Ledun et Brigitte Font Le Bret se sont fait remarquer pour leur enquête sur les suicides chez France Telecom et la pression au travail :
Pendant qu'ils comptent les morts. C'est avec une pièce radiophonique du même Marin Ledun que La Tengo propose un autre texte original (dans la collection Pièces à conviction) :
Fractale, à paraître le 2 mars prochain. Très court et entièrement dialogué, son thème pourra évoquer à certains
Le couperet de Westlake ou
Cadres Noirs de Pierre Lemaître, mais avec une issue différente...
La Tengo possède de quoi intéresser tout type de lecteurs et confirmer que la prise de risque, aujourd'hui, se fait plutôt chez ceux qu'on nomme "petits" éditeurs.