Petit Polar n°144

jeudi 29 mars 2012



Le 22 Janvier 1987, Budd Dwyer, trésorier de l'état de Pennsylvanie reconnu coupable de racket, corruption, fraude et complot  convoque une conférence de presse. Devant les caméras de télévision, il sort une arme et se donne la mort en se tirant une balle dans la bouche. Le groupe Filter écrit une chanson sur ce fait divers.

Hey Man, Nice Shot, Filter


Pas belle la vie

mardi 27 mars 2012


Dans la préface, l’éditeur américain regrette que La belle vie ne soit pas reconnu au même niveau que des romans « transgressifs de la satire sociale tels Fight Club et American Psycho. » Il ajoute que La Belle vie est imaginatif et brutal. Quelle imagination y a-t-il à prendre LA et Hollywood en exemple pour montrer que les paillettes cachent un univers sordide ? Je n’exclue pas de ne pas percevoir ce qu’il faut percevoir, ou de n’être pas sensible à cette approche. Il est aussi possible que la récente lecture de Blue Jay Way de Fabrice Colin ait accentué cette impression de déjà vu. Hollywood un lieu de faux-semblants, qui en doute encore ? Tout au long du roman Aaron Spelling est le référent suprême du personnage principal, qui rêve de vivre comme dans les séries de ce producteur à succès. La Belle vie est un peu à la transgression ce qu'Aaron Spelling est à la série télé : plat, cliché et couru d’avance.

 Les moments de réussite - il y en a - ne sont pas dans les excès de sexe et de drogue (presque) habituels (le rat de l’American Psycho de Bret Easton Ellis est ici remplacé par un marteau piqueur) mais dans les brèves descriptions de la faune miséreuse de la ville, putes, travailleurs et immigrés. Les riches membres de l’industrie hollywoodienne, eux, sont aussi vides que leur compte en banque est plein, et leur succès se mesure à l’aune de la position de leur demeure sur la colline. Plus elle est haut perché, plus ils ont réussi leur carrière. Mais leur vie ? Car celle-ci ne leur permettant plus de ressentir d’émotions, ils cherchent les sensations fortes dans des plaisirs sexuels qui se doivent d’être extrêmes pour être jouissifs, allant parfois jusqu’à la mort pour une poignée de dollars (on est à Hollywood). Violence, domination, le cocktail est connu.


Jack, le personnage principal qui nous entraîne dans sa chute morale, est un acteur raté marié à une pute assassinée. Autour de lui, pas d’amitié  ni d’amour, juste des connaissances. Le flic qui enquête, la femme qui le met dans son lit, le prostitué camé, la présentatrice télé... Tous sont pervertis, pardon, « libérés », mais l’assument plus ou moins, et dérivent pour des raisons diverses (une relation incestueuse, une carrière ratée...). Au début spectateur de la misère, Jack en devient petit à petit un composant. Il n’obtient la richesse et un début de célébrité qu’au détriment de tout le reste. Sur une page, l’auteur vous matraque le moment où il bascule : « J’avais franchi la ligne qui séparait la conduite acceptable de celle que la plupart des gens considéraient comme un appel au lynchage. »  « Une existence hors des sentiers battus » « entrer dans un monde où les conventions habituelles ne s’appliquaient pas » « financer mon retrait de l’Amérique puritaine » « inutilité de la vie en société ».

Le constat est limpide, écrit à coups de coke, de merde, de sperme et de sang. Si les protagonistes transgressent les barrières morales, repoussant certaines limites sans aucune pensée propre, ils demeurent esclaves. Leur univers sans perspectives autre que leur plaisir immédiat et égocentrique les mène immanquablement à la destruction. Jack n’a rien de subversif, il est à part entière dans le système et rêve de ce dont on lui dit de rêver. Rebelle en toc. C’est ce que l’auteur voulait montrer ? Peut-être. L'extrême et l'explicite ne sont pas choquants, ils installent une distance et une froideur qui font perdre sa noirceur à l'atroce. Il y a au final à mon sens plus de transgression et de satire sous la plume d’Heinrich Steinfest évoquant la relation incestueuse de son flic dans Requins d’eau douce ou dans la déchéance du Captain Blood de Michael Blodgett.

Mise à jour : Yan a lu le roman, avis à lire sur son blog Encore du Noir.

Caroline de Benedetti

La belle vie, Matthew Stokoe, Gallimard/Série Noire, 2012, 23,50 €, 450 p.

Le Briseur d'âmes, du thriller qui tient la route.

vendredi 23 mars 2012


Début coup de poing qui sent le brûlé et rebondissements bien amortis, chapitres en forme de compte à rebours et crochets un peu partout, sensation de stress et d’oppression ; je baisse les yeux sur les chiffres en bas de pages, c’est sûr, elles se tournent toutes seules… et le livre ne m’est toujours pas tombé des mains malgré une ou deux petites baisses de régime et quelques appels scénaristiques faciles. Bon sang, je suis en train de lire un thriller et j'aime ça.
Tous les ingrédients du thriller sont là : cette façon de poser au lecteur les questions qu’il doit se poser pour faire monter la pression, les découvertes et rebondissements toutes les deux pages quand ce n'est pas tous les paragraphes. Et ça fonctionne, je pense à John Carpenter par moments ! Surtout pour l’ambiance dans cet hôpital psychiatrique coupé du monde par une tempête de neige à Noël (les fans auront reconnu Assaut sur Central 13) ; je jubile et je flippe.  Le contrat est rempli, le suspense et l'angoisse sont là et une fois le livre terminé tout retombe sur ses pattes. Chapeau. 

Une chose me semble importante à dire : à part une entrée en matière plutôt affreuse il n’y a pas de surenchère sanglante ou de complaisance macabre dans Le briseur d’âmes. On s’approche du roman d’enquête (ou roman jeu) : l’auteur s’amuse à planquer ses indices et à nous donner des pistes. La solution est là sous nos yeux, amenée par divers canaux (les indices propres à l'histoire et quelques clins d’œil bien sentis au lecteur par le biais de références au genre). Il y aurait une étude à faire sur la façon dont cette mécanique fonctionne non seulement du point de vue rythmique, mais aussi sur le plan de l'écriture - le choix des champs lexicaux, des clichés, le découpage des phrases - qui tout en restant classique en apparence pourrait bien être travaillée de très près.

Emeric Cloche.

Sebastian Fitzek, Le briseur d’âmes, l’Archipel, 2012 (traduit de l'allemand par Penny Lewis), 267 pages, 19,95 euros.

Petit Polar n°142, une chasse à l'homme

jeudi 22 mars 2012


Je n'ai toujours pas vu Flashdance, mais je connais la BO... et dedans il y a cette chanson métaphore qui compare la drague à une chasse à l'homme. Alexandra y chante : I'm going on a manhunt / I'm out to kill...

Karen Kamon, Manhunt


Ok, il va falloir que je visionne ce film... et n'oubliez pas votre petit polar n°140 du côté de chez K-Libre.

À table avec Louis Sanders et Jérémie Guez

vendredi 16 mars 2012


En janvier 2012 le Périgord a débarqué en force et en belle chemise pour une rencontre à la librairie l’Étoile Polar et à table au Montesquieu (ici avec son éditrice Jeanne Guyon pour Rivages). Boxe, cinéma, karaté, traduction... étaient au cœur des discussions.



En février il y a eu comme un écho en la présence de Jérémie Guez, qui dans son dernier roman Balancé dans les cordes, évoque l'univers de la boxe. Là aussi le cinéma s'est révélé un centre d'intérêt important, avant que le communisme, l'Inde et la littérature n'occupent la discussion.


Yves Arcaix a lu deux extraits de Balancé dans les cordes sélectionnés par Jérémie Guez pendant qu'Éric tentait de vider des verres par la force de la pensée.


Merci à tous, rendez-vous en avril pour le festival Mauves en Noir !

Petit Polar n°140, retour à la case prison

jeudi 15 mars 2012


On ne compte plus les interprètes de la chanson House Of The Rising Sun (voir du côté de chez K-Libre pour le petit polar n°139) ; l'adaptation française chantée par Johnny en 1964 est signée Hugues Aufray et Vline Buggy.

Un abonnement, un cadeau (9)

vendredi 9 mars 2012


Après quelques péripéties du genre un imprimeur en liquidation judiciaire, L'Indic onzième du nom vient de sortir. Quelques changements dans la présentation et le contenu. L'équipe s'est mise au travail pour vous donner des pistes de réflexion sur la politique dans le polar. Les éditeurs ne sont pas en reste dans ce numéro : un clin d'oeil est fait à Rivages qui fête ses 25 ans d'existence, et trois éditeurs passent en garde à vue : Asphalte, Ecorce et La Tengo. Il y a aussi un éloge de la subversion dans le cinéma et la littérature, qui sonne un peu comme un appel au désordre. Et puis nous sommes heureux d'accueillir Julius Marx pour deux articles pas piqués des hannetons.



Grâce à Rivages, nous offrons aux 5 prochains lecteurs qui nous envoient leur demande d'abonnement un roman qui fait monter la température corporelle et cérébrale : Punis-moi avec des baisers, de William Bayer. À vos enveloppes !
Attention tous les romans ont été offerts ! Merci aux abonnés !

Abonnement : 15 euros les 3 numéros, règlement par chèque
à l'ordre de Fondu Au Noir
27 rue Anatole Le Braz - 44000 NANTES.

Petit Polar n°138, une balle dans la tête, une métaphore

jeudi 8 mars 2012


Pas mal de trentenaires se souviennent sûrement de l'arrivée de l'album de Rage Against The Machine en 1992 ; on appelait ça de la fusion c'était à peu près en même temps que Nirvana et les Red Hot. Parmi les brûlots de Zac de la Rocha, Tom Morello, Tim Commeford et Brad Wilk il y avait Bullet In The Head. Une métaphore...


Don't Fear (Petit Polar n°136)

jeudi 1 mars 2012


(Don't Fear) The Reaper du Blue Öyster Cult a été utilisé dans de nombreux films d'horreur, dont Halloween et Scream. Le single tiré de l'album Agent Of Fortune (Columbia, 1976) sort en 1978 et fait un tabac, faut dire que le riff de guitare de Buck Dharma est efficace. Les paroles mettent en scène la mort (en tant que faucheuse) et l'amour ; deux éléments plutôt récurrents dans le polar...

(Don't Fear) The Reaper, Blue Öyster Cult


 
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