Les salauds devront payer, Emmanuel Grand

lundi 21 décembre 2015


Le Nord de la France inspire le cinéma, la littérature et le polar. Tendance population en souffrance et fermeture d'usine. Dans le genre, impossible de passer à côté d'excellents romans comme Aux animaux la guerre, de Nicolas Mathieu, Lorraine Connection, de Dominique Manotti, ou encore Les derniers jours d'un homme, de Pascal Dessaint.

Après les embruns, l'île et l'irruption d'un étranger dans Terminus Belz, Emmanuel Grand revient avec un 2e roman très attendu, un peu comme quand vous réussissez pour la première fois votre gâteau et qu'il faut vérifier à la seconde tentative s'il s'agissait d'un coup de chance.

"La guerre, entendez-vous, et non la guerre d'Algérie. Celle-ci est perdue, et il faut tourner la page. Car une autre bataille se profile. Nous avons basculé dans un nouveau monde, où les maîtres mots sont production, expansion et progrès et, bien entendu, nous ne sommes pas les seuls à vouloir notre part du gâteau. Cette nouvelle guerre a ses armées, ses champs de bataille, ses morts et ses estropiés. C'est à cette guerre moderne que je vous propose de participer."

Après une excellente entrée en matière aux côtés de soldats de la guerre d'Algérie, Emmanuel Grand ramène son récit en 2015. 

Les salauds devront payer. Mais qui sont les salauds ? Le patron de l'immense usine de métallurgie qui emploie plus de 1 000 ouvriers et délocalise avec la concurrent de la Chine et du Mexique ? Les syndicalistes qui font pression pour améliorer les conditions de travail et usent parfois pas de méthodes douteuses ?

(Metaleurop Nord, modèle possible pour l'usine Berga)

Bienvenue à Wollaing, petite ville imaginaire non loin de Valenciennes. On y lit La Voix du Nord, on se réconforte au bar le dimanche avec les mômes pour oublier le cumul de petits boulots et les prêteurs sur gage au cul, seul métier rentable. Dans ces descriptions, l'auteur réussit ses meilleurs passages. Quand il introduit une touche d'humour, avec Salhila la jeune flic chez le coiffeur, ou avec son collègue Vanderbeken dans une chambre d'hôtel en Belgique. Puis à mesure qu'avance l'enquête sur le meurtre d'une jeune toxico et d'un ancien syndicaliste, le roman rentre une mécanique très classique, tant dans l'histoire que les relations entre les personnages. Recherche de la vérité, entretiens avec les témoins et suspects et plongée dans les archives du journal mènent à une issue un peu précipitée, comme si l'auteur ne savait pas comment boucler cette intrigue. La solution repose en partie sur ce qu'il omet (sciemment) de dire d'un des personnages, et cette petite manipulation laisse un goût de déception. En se refaisant le film à l'envers, pour remettre l'histoire dans le bon ordre, le fond paraît quelque peu invraisemblable, et certains éléments, disons familiaux pour ne rien dévoiler, tirés par les cheveux. Cela tempère l'enthousiasme suscité par la lecture de la première moitié du roman.

Emmanuel Grand, Les salauds devront payer, Liana Levi, 2016, 384 p., 20 €

Caroline de Benedetti

Un abonnement, des cadeaux, c'est Noël !

vendredi 18 décembre 2015


Attention, il feule, il griffe, il vole, il fait patte de velours et il a des poils !

Le dernier Indic de l'année 2015 se met aux couleurs des animaux dans le polar. Vous découvrirez notre sélection, de Harry Crews à Jean-François Vilar en passant par les interviews de Craig Johnson et Paola Barbato.

Côté photo, la série "Des Pieds et des Mains" réalisée avec Les Pictos continue et vous offre un gros plan sur les membres d'Olivier Truc. Grâce à l'autorisation de l'agent américain de Jack Vettriano vous pourrez aussi vous en mettre plein les yeux avec deux reproductions de toiles du peintre. Chroniques, cinéma, romans, actualités, séries, jeunesse, musique... Tout le reste est à découvrir dans ces 48 pages !

Et comme Noël approche et qu'il est bon de se réconforter, nous avons préparé quelques cadeaux pour nos lecteurs qui s'abonneront ou se ré-abonneront. Cette fois-ci, place à la jeunesse !

5 exemplaires de Blue Watch de John Harvey offerts en partenariat avec Syros





5 exemplaires de Victor tombe-dedans de Benoît Minville
offerts en partenariat avec Sarbacane (offre épuisée)


5 exemplaires des Lutins Urbains de Renaud Marhic
offerts grâce aux Editions P'tit Louis (offre épuisée)


Pour vous abonner, il suffit de retourner un chèque de 28 euros (4 numéros par an)
à l'ordre de Fondu Au Noir, 2 rue Marcel Sembat - 44100 NANTES.

Dr Hannibal (Petit Polar n°432)

jeudi 17 décembre 2015


Merci à Hoel qui nous a envoyé ce Petit Polar de Don Choa pas piqué des vers. Vous prendrez bien 4 minutes avec le Docteur Hannibal...


Et n'oubliez pas votre Petit Polar n°431 du côté de chez K-Libre.

Monarques, Sébastien Rutés et Juan Hernandez Luna

mercredi 16 décembre 2015


Les papillons monarques offrent leur nom au titre de ce roman, et d'autres analogies : la migration d'un territoire à un autre, la mémoire, le cocon, la transmission, le mouvement. Le roman entier est constitué de fils entrelacés, comme les personnages qui le parcourent, d'époques en continents.

Et puis il y a l'imagination de Sébastien Rutés allié à Juan Hernandez Luna. Leur complicité fait écho à celle des deux narrateurs accompagnés d'une superbe galerie de personnages pas si secondaires que ça. Ils font flotter un parfum d'aventure et de merveilleux sur cette histoire d'amour et d'amitié. Il fallait bien ça pour faire se côtoyer la guerre, le catch, Leni Riefenstahl, Blanche-Neige et Shrek. 

Invitation au voyage dans la folie des hommes et ce qu'elle peut produire de grand, Monarques possède la force des romans où la qualité de l'écriture et l'originalité de la construction sont appuyés par l'émotion. Chacun y trouvera un écho personnel, une référence, par exemple à l'univers d'Osvaldo Soriano, même si la référence revendiquée du récit se situe plutôt du côté de Cortazar. 

Sébastien Rutés et Juan Herbandez Luna, Monarques, Albin Michel, 348 p., 21,50 €, 2015

Quai des Orfèves (Henri-Georges Clouzot, 1947)

mardi 15 décembre 2015


Avec ce troisième film tiré d'un Roman de S.A. Steeman Henri-Georges Clouzot balaie le large spectre du polar ; le film est à la fois une enquête, un suspens et une exploration de la société et de la façon dont les hommes et les femmes y vivent. Servi par une brochette d'acteurs de haut vol, des décors impeccables et une mise en scène parfaite Quai des Orfèvres est un film indispensable à tout amateur de polar.

Que veux-tu, il a été mal élevé. Lui c'est un fils de bourgeois, il voit le mal partout.

Si la jalousie est un des moteurs du film, une question surtout se dégage de l'histoire : quelle place réserve la société aux femmes, et quelles possibilités a une femme pour s'en sortir si elle n'endosse pas le rôle de mère au foyer ? Naked Kiss de Samuel Fuller posera la même question 17 ans plus tard. Les rôles homme / femme sont souvent une des thématiques que l'on peut dégager des films policiers (dans le film noir notamment, voir La Griffe du passé de Jacques Tourneur). 

On a pas beaucoup d'instruction au départ mais on navigue dans toutes les eaux. On se frotte à des tas de gens. J'ai appris la gravure avec un faussaire, la comptabilité avec un escroc, y avait même un danseur mondain qui a voulu me donner des leçons de Tango, mais là, rien à faire, j'avais pas de dispositions.

Quai des Orfèvres possède de nombreuses scènes et des personnages récurrents du genre : le flic désabusé qui peut aller partout pour enquêter et qui se frotte à l'ensemble de la société ; le bon bourgeois qui est bien inséré et qui ne devrait pas avoir de problèmes et qui, quand il en a, s'effondre dans l'alcool ; la femme attirante avec cette scène où Dora fume sur son lit ; la femme qui en a bavé - je ne veux pas qu'ils te mettent en prison. Ils vous coupent les cheveux et il fait froid - mais qui le laisse à peine transparaître et tente de s'en sortir ou se résigne.

Je vous fait bien des excuses madame, mais on n'est pas les plus forts.

Le film est aussi un drame. Beaucoup de films policiers sont des drames, celui de la lutte des classes et de la condition féminine, celui de l'amour, et de l'amour il y en a partout dans Quai des Orfèvres, même si ces amours sont souvent déçues : Vous êtes un type dans mon genre, avec les femmes vous n'aurez jamais de chance dira l'inspecteur Antoine à Dora.

Emeric Cloche.

L'Indic en librairie

vendredi 11 décembre 2015


Merci aux libraires qui soutiennent le magazine et le défendent dans leurs rayons.
En ce mois de février 2016, par le hasard et le plaisir d'une rencontre lors du festival Bloody Fleury, L'Indic est en rayon dans la librairie Eureka Street de Caen. Merci à Pierre et Bénédicte !

Vous le trouverez dans les lieux suivants :

NANTES Vent d'Ouest, l'Atalante, Durance, Coiffard, Nuits blanches, Fnac, Les Bien-Aimés, La vie devant soi

ANGERS Librairie Contact, 3 rue Lenepveu

BORDEAUX Librairie Mollat, 15 rue Vital-Carles

CAEN Librairie Eureka Street, 19 place de la République

LILLE Librairie Humeurs Noires, 6 rue Mourmant

LIMOGES Librairie Page et Plume, 2-4 place de la Motte

PARIS Librairie Charybde, 129 rue de Charenton

ST MAUR DES FOSSES Librairie La Griffe Noire, 2 rue de la Varenne

TOULOUSE Librairie Privat, 14 rue des Arts


Jailbreak (Petit Polar n°430)

jeudi 10 décembre 2015



La chanson de Thin Lizzy Jailbreak a été reprise par de nombreux groupes (Blue öyster Cult, Bon Jovi, Six Feet Under, Gary Moore, Dropkick Murphys...). Le 9 Mars 2013 Anthrax propose sa version sur l'album Anthems qui regroupe des reprises de rocks des années 70 qui ont influencé le groupe.



Oxford Town (Petit Polar n°428)

jeudi 3 décembre 2015



En 1972 Richie Heaven reprend le titre Oxford Town de Bob Dylan. Une folk song qui parle des émeutes dans la ville d'Oxford (Mississippi) où des étudiants blancs voulaient empêcher un étudiant noir de s'inscrire à l'université. Deux personnes sont mortes et la chanson, en plus de dire qu'il vaut mieux ne pas s'arrêter à Oxford où "les gens marchent la tête baissée et où le soleil ne brille plus sur le sol", demande à ce que l'on ouvre une enquête sur ces morts.



Et n'oubliez pas votre Petit Polar n°428 du côté de chez K-libre.

L'assassin habite au 21 (Henri-Georges Clouzot, 1942)

mercredi 2 décembre 2015


Un tueur en série qui signe Monsieur Durand sévit dans un quartier de Paris. Voilà une affaire pour Wens (Pierre Fresnay) et sa compagne Mila (Suzy Delair)...

Drôle, légèrement érotique et saupoudré de dialogues savoureux et allusifs, l'adaptation du roman de Stanislas-André Steeman au cinéma par Henri Georges Clouzot est une réussite ; d'autant plus qu'il s'agit du premier long métrage du réalisateur (qui a déjà travaillé sur de nombreux films en tant que dialoguiste avec des adaptations de Simenon et de Steeman).

Tiré d'un roman d'enquête, L'Assassin habite au 21 ouvre bien la voie à un autre opus criminel, social et tout aussi indispensable : Le Corbeau, que l'on peut regarder dans la foulée en gardant en mémoire le fait que ces deux films ont été réalisés pendant l'occupation allemande. Le côté sombre (et légèrement érotique) étalé dans la scène d'ouverture plane en filigrane sur tout le film, parfois brouillé par quelques scènes étranges. La scène qui vient après l'ouverture voit la hiérarchie remettre - de chef en petits chefs - ses responsabilités dans les mains du subalterne et illustre bien la maxime "la hiérarchie, c'est comme les étagères, plus c'est haut, moins ça sert". Le côté comédie est tout de suite palpable, On notera aussi une utilisation de la caméra subjective pour des scènes de meurtres, qui ne sera pas sans rappeler Le Voyeur de Michael Powell, tourné une vingtaine d'années plus tard. 

Emeric Cloche


Impressions d'Europe, la littérature anglaise

lundi 30 novembre 2015

Entre vendredi et dimanche à Nantes, nous avons eu la chance de profiter d'une nouvelle édition d'Impressions d'Europe, qui accueillait la littérature anglaise avec une délégation comportant entre autre Jonathan Coe, Tim Willocks, Cathi Unsworth et Stéphanie Benson (Joseph Connolly ayant eu un empêchement pour raison de santé).


Dimanche matin les Fondus, l'Atelier de L'Oiseau Bègue et la copine Velda ont dégusté un english breakfast avec bacon, beans, oeufs brouillés et fromage pour prendre des forces avant d'aller au Grand T vous ramener des bribes de débats.


Parmi tous les propos échangés, autour de la table animée par François Braud commençons par Tim Willocks. L'auteur explique n'avoir pas une approche intellectuelle de l'écriture, mais plutôt intuitive. Il ne sait pas ce qu'une scène va donner avant de l'écrire. Selon lui, le roman noir permet un point de vue ironique sur la condition humaine et il aime l'idée que les personnages se battent pour sortir des problèmes, des obsessions qu'ils se sont parfois créés eux-mêmes. Une des forces du roman noir est de pouvoir englober les idées politiques dans le drame humain. Ainsi, Green River doit beaucoup à Surveiller et punir de Michel Foucault. Il cite également l'auteur américain Gore Vidal, pour qui connaître le film préféré d'une personne quand elle avait 15 ans en révèle beaucoup sur sa personnalité. Tim Willocks précise que ses références à cet âge sont Sam Peckinpah, Stanley Kubrick et les westerns. Pour Stéphanie Benson c'est Bruce Lee et le kung fu, et pour Cathi Unsworth le Rocky Horror Picture Show.

Faisons une courte pause musicale pour vous faire profiter d'un court moment, celui de la fin du débat pop, punk et rock, qui a pris une tournure tout à fait vivante quand Tim Willocks est monté sur scène. Voyez plutôt :


Au cours du débat "France versus Angleterre", l'auteur conclue en disant que la seule chose qui n'a pas traversé la Manche, c'est la pop musique française.

The Man in the long black coat
Cathi Unsworth et Stéphanie Benson se retrouvent autour d'une admiration commune pour Robin Cook, qui a ajouté de nouvelles zones d'ombres au noir, et David Peace, pour qui toute écriture est sonore, une approche à laquelle Cathi adhère. Elle ajoute en parlant de l'Angleterre: "Notre pays est comme une femme battue avec trop d'enfants et pas assez d'argent pour s'en occuper correctement." Pour elle, le roman noir c'est donner une voix à la victime.

Cathie "smiling" Unsworth

Stéphanie Benson aime le noir pour l'espace d'expérimentation qu'il offre, un lieu pour parler des gens auxquels la société ne fait habituellement pas attention. Ses influences se situent du côté du gothique et de l'époque victorienne, une époque révolue, dont elle veut parler aussi pour dire qu'elle n'existe plus. En reprenant l'allusion à Robin Cook, elle utilise une phrase inscrite sur le bandeau d'un des romans de l'auteur, "un roman en deuil".

François Braud (Modérateur), Tim Willocks, Marguerite (interprète) et Stéphanie Benson
Jonathan Coe explique qu'écrire le meilleur livre possible, avec honnêteté, est un acte politique en soi et aide les gens. En Angleterre, on ne demande pas aux auteurs de commenter l'actualité et les événements. Ecrire lui permet de savoir son point de vue sur cette actualité, de mettre ses idées politiques dans son oeuvre et de comprendre ce qu'il pense.
Sur son rapport au cinéma, il raconte qu'il a eu la chance de voir de nombreux films dans les années 70 à la télévision, à l'époque où il n'y avait que 3 chaînes, et donc pas le choix qu'il y a aujourd'hui à l'ère du numérique. Avoir trop de choix peut être dangereux car cela nous fait aller vers le plus simple, le plus facile, dit-il.
L'auteur trouve que l'adaptation de La vie très privée de M. Sim par Michel Leclerc est très bonne et a saisi l'essence et le ton du livre. Il aurait juste vu plutôt Brad Pitt ou Leonardo di Caprio dans le rôle de M. Sim, qui est quand même un peu lui-même. Au sujet de son écriture, il explique ses changements de forme et de structure par un souci de ne pas s'ennuyer et de ne pas ennuyer le lecteur. C'est pourquoi il aime notamment écrire du point de vue des femmes.
Il évoque aussi son rapport à la musique, et en tant qu'auteur confronté aux difficultés pour écrire, il imagine que les choses sont plus faciles à dire en musique. Récemment il a pris conscience qu'il y a trop de musique dans notre environnement, elle est devenue une bande sonore vide de sens car elle est partout, au restaurant, à l'hôtel... Au cinéma c'est pareil, elle dit constamment au spectateur ce qu'il doit ressentir, car le film lui-même échoue à le faire. Ce qu'il apprécie donc aujourd'hui pour écrire, c'est le silence.

Au cours de cette édition d'Impressions d'Europe nous avons écouté, découvert et rit. Nous avons aussi apprécié des lectures à voix haute de grande qualité grâce à Sophie Merceron et Yves Arcaix. La formule, avec une librairie, beaucoup de discussions et peu d'invités, donne le temps de la découverte et de la parole, même si la traduction en direct frustre un peu car elle prend du temps. Rendez-vous l'année prochaine avec l'Espagne. Olé !

Yves Douet et Patrice Viart, le duo instigateur du festival Impressions d'Europe

L'équipe s'agrandit

mardi 24 novembre 2015


L'association Fondu Au Noir existe depuis 2007, et avait depuis un moment l'envie de compléter son équipe "administrative". C'est chose faite cette année avec l'arrivée dans nos bureaux de Charlotte Mustière, diplômée en infographie. Nous sommes ravis de travailler ensemble pour 6 mois de mission en service civique. Les projets sont déjà nombreux, vous en verrez bientôt le résultat !

Bouts d'Indic n°12

vendredi 20 novembre 2015

Cliquer pour agrandir

Le thème du 12e numéro de L'Indic était "Le polar se fait peur". On s'y penchait sur le thriller, et puis comme d'habitude sur de nombreux autres sujets, comme la traduction avec Jean-Paul Gratias et Pierre Bondil, et puis le cinéma avec le splendide La nuit nous appartient. Voici l'article.

L'homme au cutter (Petit Polar n°426)

jeudi 19 novembre 2015


Philippe Marlu a réorchestré certaines de ses chansons sous le nom de Bob Marlu. Parmi les perles du chansonnier français vous trouverez plusieurs petits polars dont l'Homme au Cutter tiré de l'album Valse Machine (French Song, 2004).


Et n'oubliez pas votre Petit Polar n°425 chez K-Libre.

L'homme au bras d'or (The Man With The Golden Arm, 1955) Otto Preminger

mardi 17 novembre 2015



Kim Novac, Eleanor Parker et Frank Sinatra forment un trio d'acteurs de haute volée... Côté musique, sachez qu'il y a Shelly Mann à la batterie ! On est dans un cinéma qui prend son temps, qui pose une scène et laisse se dérouler le dialogue. Otto Preminger imprime un fort style visuel, les mouvements de caméra participent pleinement à l'histoire. Le moment où Frankie Machine s'approche du bar et qu'il regarde par la fenêtre procure un délicieux vertige.

À l'époque, le sujet principal du film - la dépendance à la drogue - n'avait jamais était envisagé de cette façon au cinéma, pas plus semble-t-il que les rapports amoureux adultérins... Le code Hays (petit manuel d'autocensure mis en place en 1930 par le sénateur William Hays, président de la Motion Pictures Producers and Distributors Association) veillait à ce que le cinéma soit en accord avec un "code moral rigoureux". Mais Preminger, s'appuyant sur la constitution américaine garantissant la liberté d'expression, n'a rien voulu lâcher et un terrible bras de fer s'est engagé... Le film est là, après plus d'un demi siècle d'histoire, et le code Hays est mort. Tiens ça me rappelle les Felice Brothers et leur Rockfeller Druglaw Blues même si la bande son de L'Homme au bras d'or est plutôt West Coast Jazz.

Emeric Cloche (reprise d'un article Duclock)

The Felice BrotherRockfeller Druglaw Blues



No Love Allowed (Petit Polar n°424)

jeudi 12 novembre 2015



Appellez le 911 c'est une urgence... Rihanna chante l'amour comme un meurtrier sur un rythme des îles. Votre petit polar du Jeudi est glamour et lancinant.


Et n'oubliez pas votre Petit Polar n°423 du côté de chez K-Libre.

Tweeter and the Monkey Man (Petit Polar n°422)

jeudi 5 novembre 2015



Tweeter et le Monkey Man sont deux dealers et dans la chanson il y a aussi un flic en civil, une fille qui s'appelle Jan, une ambulance et des clins d'oeil à l'oeuvre de Bruce Springsteen... tout cela est chanté par les Travling Wilburys le groupe qui réunit George Harrison, Jeff Lynne, Roy Orbison , Tom Petty et Bob Dylan.



Et n'oubliez pas votre petit polar n°421 du côté de chez K-Libre.Tweeter and the Monkey Man

Coup de torchon (Bertrand Tavernier, 1981)

mardi 3 novembre 2015



Il y a quelque chose de théâtral dans le jeu d'acteur de Noiret, Eddy Mitchell, Isabelle Huppert et Stephane Audren ; cette petite chose ajoutée à l'ambiance générale du film fait osciller le spectateur entre sarcasme, émotion, rire en jaune et tendresse. Les dialogues de 1275 âmes (le bouquin de Jim Thompson dont est tiré le scénario) sont particulièrement bien rendus. L'idée de transposer l'action qui se situe normalement à Pottsville, un trou perdu des États Unis d'Amérique, en Afrique Occidentale Française ravive - pour ceux qui les ont déjà lus, les autres devraient se jeter dessus - les souvenirs de lecture de la trilogie sur l'Afrique coloniale de Georges Simenon : Coup de lune45° à l'ombre et Le blanc à lunette.
La musique de Sarde est présente dès le début du film avec un morceau angoissant et rythmé ; imprévisible. Durant le film elle se pointe sous forme de jazz mélangé à la musique classique et pas trop loin du musette non plus, ce qui donne une couleur jazz "à la française". Faut dire que Bertrand Tavernier a fait écouter Carla Bley, Maurice Jaubert, Duke Ellington à Philippe Sarde en demandant "Comment mêler et entremêler ces options contradictoires". La réponse est dans le générique du film, celui du début et le danstesque morceau de fin : Je suis mort il y a longtemps déjà. Sarde ingurgite, synthétise et compose "un thème de thriller sur un rythme de tango", comme dira Tavernier dans les notes de livret recueilli par Stéphane Rouge pour le disque le cinéma de Bertrand Tavernier, musique de Philippe Sarde paru chez Universal Music en 2002.
Dans Coup de torchon on croise aussi deux chansons : Dans la chambre vide, une ritournelle lancinante et nostalgique chantée par Isabelle Huppert et La java de la masochiste, une chanson du trottoir interprétée par Stéphane Audran qui n'est pas sans rappeler les chansons de Mistinguett, Fréhél ou Piaf en un peu plus bancale. La musique de Philippe Sarde ne vient pas souligner les émotions des personnages et si elle a toujours à voir avec le film, c'est parce qu'elle en est un élément de construction très fort, à part entière.

Emeric Cloche (Reprise d'un article de Duclock).

Bande Annonce de Coup de Torchon (1981) de Bertrand Tavernier.



Utopiales, édition 2015

lundi 2 novembre 2015

Les Utopiales c'est l'occasion de faire le plein de rencontres, de débats, de livres, de films, de jeux et de bien d'autres choses encore. La densité du programme oblige le visiteur à une rude gestion de son temps. Nous nous arrêterons ici sur un débat ayant pour intitulé : "frontières et migrations, ces lignes imaginaires qui découpent le réel". Natacha Vas-Deyres a brillamment mené la discussion entre Norman Spinrad, Alain Damasio et Catherine Dufour.


Les 3 invités s'entendent pour dire que la frontière est un interface entre deux cultures. Norman Spinrad rapporte une discussion avec Timothy Leary, où celui-ci lui a fait part d'une théorie : quand les américains n'ont pas pu aller plus à l'Ouest dans leur conquête, et qu'ils ont atteint l'océan, ils sont allés vers le haut et ont commencé à s'intéresser à la conquête de l'espace.

De l'avis des trois auteurs, la frontière doit être une possibilité de découverte, mais en aucun cas de conquête ou de colonisation. Cette préoccupation se ressent particulièrement chez Alain Damasio. Selon lui, il faut se mettre sur une frontière avec l'autre, et pour l'occasion il emprunte le mot de Norbert Merjagnan : l'altérieur. La science-fiction doit explorer cet "altérieur".

Catherine Dufour précise que pour elle, les frontières ne devraient pas exister. Malheureusement, une grande partie de la littérature, du cinéma ou des jeux vidéos est basée sur la mécanique de la peur de l'autre, l'ennemi qu'il faut tuer (Star Wars, les zombies, Le seigneur des anneaux...). La partie intéressante de la science-fiction est celle qui fait état de la fascination pour l'autre, du souci de bien l'accueillir. C'est un clivage fondamental dans les choix de récit. Alain Damasio explique qu'il y a un problème de maturité dans les jeux vidéo, qui tracent deux mondes dont un doit disparaître, ce qui est le niveau zéro du rapport à l'autre. Beaucoup d'univers de science-fiction sont malheureusement basés sur cette opposition. Pour lui l'intérêt de la science-fiction est la logique du devenir tel que posée par Gilles Deleuze. Il faut interroger l'empathie, à l'image des histoires où le robot devient humain. Ecrire, c'est créer du conflit, du manichéisme et de l'opposition, mais dans ce combat des imaginaires il faut s'ouvrir à l'autre, s'influencer mutuellement. C'est l'enjeu politique du récit.

La frontière s'incarne aujourd'hui dans la création de zones, comme les zones de vacances sécurisées pour riches, que Catherine Dufour raconte avoir vues en Hongrie, ou comme Calais et tous ces systèmes de concentration aux frontières. Celui qui se protège est celui qui construit le mur, et le fait de façon unilatérale. Alain Damasio se demande comment mettre ces éléments en récit pour créer un choc des consciences. Norman Spinrad conseille la lecture d'un roman visionnaire de Wolfgang Jeschke dont il a oublié le titre... vérification faite, il semble qu'il ne soit pas traduit en français ni en anglais.

Catherine Dufour répond à la question du "pourquoi ne sommes-nous pas capable de régler ces problèmes ?" en rappelant qu'1% possède 80%. Ces possédants ont le pouvoir, les pétrodollars, les narcodollars... et ne veulent absolument pas régler les problèmes ; ils ont tout intérêt à ce qu'ils perdurent. (applaudissements dans la salle).

La rencontre se termine avec des questions et remarques du public. Une personne pointe du doigt le fait que l'époque marque le triomphe de la propriété privée sur la propriété collective. Norman Spinrad répond que le communisme a échoué et que nous vivons une période pré-révolutionnaire et qu'un modèle reste à inventer. Un autre intervenant cite l'exemple d'une expérience de psychologie sociale et renvoie à la vidéo "La leçon de discrimination". L'expérience montre les comportements de l'individu en cas de séparation d'un groupe selon des critères arbitraires. Il termine en mettant tout le monde d'accord : il nous faut comprendre et accepter que le rejet de l'autre fait partie des réactions humaines pour mieux lutter contre.

Micron Noir, Michel Douard

vendredi 30 octobre 2015



Le premier roman de Michel Douard, Chinese Strike (devenu Mourir est le verbe approprié dans sa version poche) semble avoir initié une série futuriste qui embarque mafieux, pilotes de drones et divers citoyens à la marge. Voici le 2e opus, Micron Noir.

L'an 2048. À 30 ans de nous, la paix n'est pas au programme du monde décrit par Michel Douard. La guerre s'organise "proprement", pour des motifs obscurs, à travers une compétition sportive diffusée sur grand écran. Les soldats ne peuvent plus se plaindre de leur petit salaire, ils gagnent des millions grâce à leurs sponsors. Pour être efficaces il leur faut une drogue : le micron. Qui dit drogue dit trafic, et voilà le coeur de l'intrigue de ce roman où les militaires passent commande et s'arnaquent entre eux, menés par un officier intégriste chrétien ayant planifié de nettoyer la pourriture du monde.

La véritable réussite repose sur les personnages installés par l'auteur. En plus du jeune chef mafieux Erik Kessel (dont les cheveux albinos ne sont pas sans évoquer Julian Assange), il y a Victoire Weber la jeune rebelle pilote de drone. Pas de véritable héros, pas de motivation évidente, pas de noble chevalier. Chacun sa morale dans un monde où la justice ne veut plus dire grand chose. Qui peut assurer faire le bien ?

Michel Douard perd en légèreté, versant moins dans le registre de l'humour, pour gagner en épaisseur avec ce deuxième roman. Il ne lui reste qu'à développer le monde qu'il a mis en place, en même temps que ses personnages prendront de l'ampleur en dévoilant leur personnalité.

Michel Douard, Micron Noir, La manufacture de livres, 2015, 18,90 €, 264 p.

Caroline de Benedetti

Clean Cut Clean (Petit Polar n°420)

jeudi 29 octobre 2015


He was a clean-cut kid 
But they made a killer out of him, 
That's what they did

Bob Dylan chante l'histoire d'un "bon petit gars"... une vie américaine, avec les copains, le sport, la guerre, le rêve, les crédits et une sale fin. Clean Cut Kid est un véritable roman noir, la voici dans une autre version que celle que l'on peut écouter sur Empire Burlesque.


Et n'oubliez pas votre Petit Polar n°419 chez K-Libre.

Une nouvelle traduction de James Crumley

mercredi 28 octobre 2015

Lors de sa venue à Nantes il y a quelques mois, Oliver Gallmeister nous confiait qu'il planchait sur le projet de retraduction des romans de James Crumley. Maintenant qu'un accord est enclenché, nous pouvons commencer à parler de cette grande nouvelle, et à fantasmer la future couverture de Fausse Piste... Voici donc un bref interrogatoire avec l'éditeur, et le traducteur Jacques Mailhos.
réalisé par Caroline de Benedetti

Photo Emeric Cloche
Oliver Gallmeister, il paraît qu'un beau projet de retraduction vient d'aboutir, peut-on en savoir plus ?

En fait, le projet auquel tu fais allusion commence tout juste. Nous avons trouvé un accord avec les ayants-droit de James Crumley pour publier de nouvelles traductions de l'intégralité de ses 8 romans. Ces titres étaient jusqu'à présent disponibles en poche dans des traductions parfois plus qu'approximatives, quand elles n'étaient pas absolument déficientes pour ne pas dire pire (pas toutes, cependant, mais la plupart). Et il faut bien reconnaître que cet immense auteur méritait mieux. C'est pourquoi nous avons proposé à Jacques Mailhos, sans aucun doute l'un des meilleurs traducteurs en activité à ce jour, de retraduire ces romans, ce qu'il a accepté de faire avec enthousiasme. Le premier titre, The Wrong Case (Fausse Piste) sortira donc en avril 2016 et il sera accompagné d'illustrations de Chabouté, dont l'univers et le sensibilité me semblent proches de celui de Crumley. Tout cela en fera, je l'espère, une très belle édition.

Mais surtout, il me semblait indispensable de remettre cet auteur au goût du jour car, sans être vraiment oublié, Crumley fait partie de ces auteurs de référence dont beaucoup parlent, mais qui n'a jamais rencontré les faveurs du grand public. Or son dernier roman n'est sorti en France qu'en 2005, il y a à peine dix ans. Sans doute cela est-il en partie du à son destin éditorial cahotique : les onze livres de Crumley ont été publiés dans le désordre par trois éditeurs avant que Patrick Raynal, alors patron de la Série Noire, ne rapatrie l’auteur dans sa prestigieuse collection chez Gallimard, avant de partir à son tour chez Fayard, où seront publiés les derniers livres de Crumley. Ce sont donc cinq (ou six, si l’on compte le double passage chez Fayard) éditeurs qui se sont partagés les onze livres de Crumley en France, le tout étalé sur une période de vingt-cinq ans. Bref, pas l'idéal pour installer un auteur, comme on dit dans notre métier.

Crumley est pourtant l'une des plus grandes voix du polar contemporain (j'insiste sur le terme "contemporain", car Crumley est mort en 2008 seulement), l'un des premiers à sortir des grandes villes de la côte est ou de la côte ouest, un styliste remarquable, un écrivain à l'humour et à l'humanité exceptionnels. Ses personnages principaux, CW Sughrue et Milo Milodragovitch sont inoubliables : alcooliques, camés, amateurs de femmes et de violence, ils sont parmi les personnages de "privés" parmi les plus réussis du paysagle littéraire américain. Comment ne pas aimer Milo, ce détective entre deux âges, dont les deux parents se sont suicidés, héritier d'une grande fortune locale de Meriwether (la version fictionnelle de Missoula) dans le Montana, qu'il ne pourra toucher que lorsqu'il aura 53 ans ? Alors, en attendant, il boit et s'occupe du mieux qu'il peut. C'est un homme mélancolique qui porte sur l'Amérique un regard désabusé et s'abstient de tout jugement sur ses contemporains. Un détective souvent largué, éternellement amoureux et chevaleresque, un vrai romantique sous des dehors de péquenaud. Un homme avec lequel on a envie de s'asseoir à un bar pour partager quelques verres.
Photo Maryan Harrington

Jacques Mailhos, après Ross MacDonald, vous voilà traducteur des romans de James Crumley, un autre poids lourd du polar américain, mort en 2008, ce qui complique un peu les choses : impossible de lui envoyer un mail pour obtenir des précisions sur un mot ou une phrase ! La pression ?

Oui, bien sûr, il y a de la pression. Même si elle est plus ou moins toujours là, égale à elle-même, incompressible, quelle que soit l'œuvre qu'on aborde. Savoir que l'on travaille à une "nouvelle traduction" en rajoute probablement une dose supplémentaire, parce qu'on se retrouve dans la situation finalement assez rare où le texte que l'on produit pourra être comparé à quelque chose d'existant, d'objectif ("l'ancienne" traduction). En général, quand l'auteur d'une critique se fend d'un commentaire (élogieux ou dépréciatif) sur la qualité de la traduction, cela veut simplement dire: "J'ai trouvé le texte français bien (ou mal) écrit; or je sais que ce texte fut d'abord écrit par son auteur dans une autre langue que le français; donc je juge la traduction bonne (ou mauvaise)." Les critiques, et c'est bien normal, lisent rarement la version originale avant de lire la version française pour faire un commentaire sur la qualité de la traduction. Les "nouvelles traductions" suscitent naturellement la curiosité, invitent à la comparaison. Quand en plus il s'agit d'un "poids lourd" déjà présent dans la bibliothèque de nombreux lecteurs, et de la plupart des gens susceptibles de chroniquer le livre sur lequel on travaille, oui, cela crée de la pression. La plupart du temps, je n'y pense pas, ou j'essaie de ne pas y penser. À vrai dire, je me rends compte que le simple fait d'y réfléchir pour répondre à cette question fait considérablement monter mon niveau de stress… Alors je vais arrêter. Quant à l'impossibilité d'envoyer un mail pour obtenir des précisions sur tel ou tel point… En cas de besoin, je remplace l'auteur défunt par mon petit groupe d'ami-e-s et contacts anglophones, bons lecteurs et bonnes lectrices. Mais c'est une situation qui se produit finalement assez rarement.

Comment avez-vous appris ce travail de retraduction de James Crumley, et qu'en avez-vous pensé ? C'est un auteur que vous aviez déjà lu ?

Oliver Gallmeister m'a téléphoné pour me le proposer. J'ai accepté, bien sûr, avec très grand plaisir, même si (honte à moi) c'est un auteur que je ne connaissais que de nom (c'est-à-dire que je ne connaissais pas). Oliver me connaît bien; il savait que cela me plairait. Et j'imagine qu'il pensait que je pourrais faire du bon boulot.

Connaissiez-vous l'anecdote de traduction de Chien Ivre (The last good kiss) de Crumley : le roman finit dans un "bar sans toit", une traduction plutôt hasardeuse de "topless bar"... Est-ce que ça illustre bien la difficulté de la traduction, ou une époque révolue, à laquelle le soin apporté à la traduction n'était pas le même ?

Oui, j'avais entendu parler de cette grosse bourde sans toit, mais je ne me souvenais plus qu'elle concernait un roman de Crumley… C'est évidemment assez drôle, mais, oui, je pense que ça illustre – à l'extrême, certes – la difficulté de la traduction, en ce sens que je crois que personne n'est jamais à l'abri de la grosse erreur bête. Ceci dit, dans un monde idéal où, effectivement, on apporte à la traduction tout le soin qu'elle mérite (notamment en termes de temps de relecture, vérification, correction), ce genre de grosse bourde ne devrait pas survivre jusqu'à la version imprimée du texte.

Vous venez tout juste de commencer la traduction, comment décririez-vous l'écriture de Crumley ? Quel effet vous fait-elle ? Si on compare avec Ross MacDonald, par exemple, quelles différences ?

J'ai toujours du mal à "décrire" l'écriture d'un auteur, et j'ai une certaine admiration pour les gens qui savent le faire. Ça me fait un peu le même effet que la description des grands vins par les grands amateurs. Je sais traduire; je saurais aussi pondre une analyse littéraire de type universitaire si je m'y attelais, mais je ne sais jamais trop quoi dire pour parler de l'écriture ou du style d'un auteur.

Prisoners (Denis Villeneuve, 2013)

mardi 27 octobre 2015


Un film lent et parfois flippant pendant lequel on ne s'ennuie pas. Peut-être bien parce que Denis Villeneuve propose un thriller sans le duo de flic, sans histoire d'amour, tout en restant bien ancré dans le genre.

La réalisation, les décors et le jeu des deux principaux acteurs Hugh Jackman (le père) et Jake Gyllenhaal (Le flic) font du film une réussite. Les éléments inhérents au genre sont là avec la symbolique du labyrinthe (peu creusée et qui semble peu subtile), quelques scènes d'action, des fausses pistes et des rebondissements. Certaines scènes mettent mal à l'aise, d'autres provoquent l'angoisse. Le film suit deux protagonistes, le père d'une des fillettes disparues et le flic chargé de l'enquête, chacun d'eux mène son enquête. L'antagoniste est invisible.

En sortant du cinéma on pourra avoir fortement envie de revoir Zodiac de David Fincher, ou Le Silence des agneaux de Jonathan Demme. 

Il faudra cependant revoir une deuxième fois Prisoners afin de voir les thématiques à creuser, comme la religion et le repli sur sa famille, par exemple, avec le personnage du père qui entasse des vivres dans sa cave tout en se préparant au pire en disant à son fils qu'il ne pourra compter que sur lui ou la famille. Tout cela tout en étant un bon père de famille. Sa femme (Maria Bello, déjà croisée dans A History Of Violence) qui s'effondre en pleurant "tu avais promis que tu nous protégerais". Ce père semble vouloir se passer de la police et de la justice pour retrouver sa fille. La catastrophe est arrivée et il ne compte que sur lui.

De l'autre côté, le personnage assez énigmatique et attachant de policier qui enquête seul n'est ni un bon flic, ni un mauvais flic. Mais on sent qu'il a un problème (il a été victime d'acte de pédophilie) et possède un background intéressant. On aurait juste envie que le film nous donne un ou deux indices de plus pour affiner les lectures possibles.

Le film pourra prendre de l'ampleur et/ou révéler ses failles à la revoyure. La musique du film signée Johann Johannsson est assez oppressante sans être trop présente.

Emeric Cloche (reprise d'un article de Duclock)

Resto-littéraire 6#2

lundi 26 octobre 2015


Né à Brest et étudiant à Nantes, Thomas Bronnec a été journaliste à l'Express avant de rejoindre France Télévision. Il est aussi l'auteur de deux romans. Le premier, La fille du Hanh Hoa, est inspiré de ses séjours et reportages au Vietnam. Le deuxième, Les initiés, est consacré à Bercy et à la finance, un monde sur lequel il a enquêté en tant que journaliste. Nous parlerons donc voyage, journalisme et politique pour ce deuxième rendez-vous de la saison.

Jeudi 12 novembre, réservez votre couvert pour rencontrer Thomas Bronnec à partir de 20h au restaurant Le Montesquieu. Le repas sera précédé d'une dédicace à 18h à la librairie Durance.

The Dark End of the Street (Petit Polar n°418)

jeudi 22 octobre 2015



Le cul de sac sombre au bout de la ruelle est un décor de polar, c'est là qu'il peut se passer des choses terribles. Mais dans l'ombre on peut aussi trouver un refuge... C'est ce que chante James Carr en 1967 dans The Dark End of the Street, la chanson écrite par Dan Penn and Chips Moman sera ensuite reprise par Aretha Franklin.


Et n'oubliez pas votre Petit Polar n°417 chez K-Libre.

Niagara (Henry Hathaway, 1953)

mardi 20 octobre 2015


Niagara. Le nom est mythique. Ajouté à celui de Marilyn Monroe... vous obtenez une affiche alléchante. Mais...

Les acteurs assurent (notamment Joseph Cotten, le marie trompé) mais on s'ennuie quand même un peu passé la mise en place des personnages. Quelques scènes avec Marilyn Monroe sont un peu capilotractées... mais le rôle lui va bien. Notons que pour la plastique - puisque c'est en grande partie de cela qu'il s'agit - on pourra lui préférer Brigitte Lahaie dans Les raisins de la mort (par exemple). Ce qui est ennuyeux c'est le côté ultra moral du film, plutôt raté (contrairement à des films comme Forces of Evil ou Chinatown) car trop évident. Cela débouche donc sur un scénario cousu de fil blanc, où surnagent cependant quelques belles scènes d'intérieur et de carte postale des années 50 des chutes du Niagara. Un peu de suspense, aussi.

Emeric Cloche


Murder Show (Petit Polar n°416)

jeudi 15 octobre 2015


La thèse avancée par la chanson de Motörhead est simple : le meurtre, la mort, sont un spectacle tant qu'on est bien au chaud à regarder dans son fauteuil ou au volant de sa voiture.


Et n'oubliez pas votre Petit Polar n°415 du côté de chez K-Libre.

Play Misty for me (Clint Eastwood, 1971)

mardi 13 octobre 2015


Le premier film de Clint Eastwood en tant que réalisateur campe un personnage de femme. Il reviendra au personnage féminin avec Sur la route de Madison et Million Dollar Baby.

Toulouse : Pandémie sur la ville

lundi 12 octobre 2015

Les Docteurs Polar à TPS (Photo : CdB)
Depuis quelque temps les signes avant-coureurs étaient là : dans les librairies, les médiathèques, les établissements scolaires, au cinéma... polar par-ci, polar par-là. Appelés en urgence les 9, 10 & 11 Octobre au forum de la Renaissance à Basso Cambo (Toulouse) alors qu'ils travaillaient sur un nouveau médicament les Docteurs Polar n'ont pu que constater l'ampleur de la pandémie.

"Les malades affluent par centaines, certains déjà lourdement atteints ; heureusement nous avons pas mal de médicaments venus du monde entier sur place" nous confie Geoffroy "mais il a parfois fallu prescrire du lourd, du très très lourd", ajoute Emeric "les effets secondaires sont à prendre en compte dans ces cas-là" expliquent-ils en coeur avant de se diriger vers une dame qui visiblement souffre des symptômes de la pandémie de polar : elle a déjà  dans ses mains trois livres et tend les mains vers un quatrième. Nos vaillants docteurs se placent de part et d'autre de la patiente, l'écoutent et prescrivent, en urgence, les médicaments appropriés. "À ce stade, les Docteurs ne peuvent que soulager", précise Caroline qui s'occupe d'encadrer les opérations médicales.


Les Docteurs Polar à TPS (Photo : CdB)

Entre les thérapies de groupe autour du Nature Writing, du mal, de la crise, la politique, le passé, la ville, les limites du genre, la musique de film, les parloirs ; les remises de prix pour les meilleurs médicaments ; la présence de la police scientifique et le Rallye enquête ; l'émission de radio Pas plus haut que le bord enregistrée en live au plus fort de la crise, les patients ont été choyés. "Nul doute, ils reviendront. Mieux, ils connaissent toujours d'autres malades et ils passeront le mot..." nous confie Geof, "Octobre, dès les premiers symptômes, il faut se connecter à Toulouse Polars du Sud, le plus dangereux c'est de rester isolé, à TPS vous avez toute une équipe fabuleuse pour vous aider" dit Emeric.

Plus tard nous apprendrons que les Docteurs Polar ont concocté plus d'une soixantaine de prescriptions polardeuses et qu'ils ont un slogan "travaillez moins pour lire plus".



Rencontre avec Thomas H. Cook

vendredi 9 octobre 2015


6 Octobre 2015, Thomas H. Cook est à Nantes pour la sortie de son roman Le crime de Julian Wells. Les Fondu Au Noir ont le plaisir d'animer une discussion à la librairie Durance. Les sujets ? Thomas, l'écriture, sa vision de la littérature et son intérêt pour la France.

(Thomas H. Cook et Lôman Lef à la traduction)

Comme d'habitude, la rencontre se prolonge au restaurant le Montesquieu, avec une grande tablée. Au fil de la discussion, l'auteur conseille quelques romans... Histoire de vous en faire profiter, voici la liste : 

Suzanne Berne A crime in the neighborhood
Barry Unsworth Morality play
John Gregor Dunne True confessions (à paraître au Seuil), 
Dorothy B. Hughes À jeter aux chiens.



Murder, Tonight, In The Trailer Park (Petit Polar n°414)

jeudi 8 octobre 2015


Mrs. Annabelle Evans found 
with her throat cut after dark 
Her pockets turned inside out 
her dresser drawers turned upside down

Ouvrez les oreilles, votre Petit Polar du Jeudi est chanté par Les Cowboy Junkies.


Et n'oubliez pas votre Petit Polar n°413 du côté de chez K-Libre.

L'énigme du Chicago Express (The Narrow Margin, Richard Fleischer, 1952)

mardi 6 octobre 2015


Plus connu pour Les Vickings (avec Kirk Douglas) ou son 20 000 lieues sous les mers pour Walt Disney ou encore Soleil Vert, Fleischer est aussi l'auteur d'un polar qui se déroule entièrement dans un train. Si la réalisation et le scénario paraissent classiques, le film réserve une surprise. Réalisé en 12 jours avec un petit budget, sans acteurs célèbres, ce film de Série B propose un personnage de femme (Marie Windsor) intéressant et un flic quelque peu stupide. La tension est là, le contrat est rempli et on se prend à avoir envie de faire une liste de films qui se passent dans les trains (Une femme disparaît, Runaway train, Le crime de l'Orient ExpressSnowpiercer...).

Notons que le film est sans musique à part celle qui émane d'un phonographe.

Emeric Cloche

Les Tuyaux de L'Indic

lundi 5 octobre 2015

Thomas H. Cook est à Nantes demain Mardi 6 Octobre, c'est COMPLET pour le repas au restaurant Le Montesquieu, mais vous pouvez toujours venir à 18h à la librairie Durance.

Les 9, 10 et 11 Octobre avec les Docteurs polar, une exposition sur la musique au cinéma et une table pour L'Indic, le Noir Magazine, direction Toulouse Polars du Sud. Ce sera le moment de vous faire prescrire quelques polars, de boire une tasse ensemble et de vous abonner au magazine.

Pendant ce temps à Saint-Sauveur-en-Puisaye, le festival Ecrits de femme met à l'honneur les Reines du Crime et invite Elsa Marpeau, Ingrid Astier, Brigitte Aubert, Pascale Fonteneau...


Dans les nouveautés d'octobre nous avons aimé Colin Niel avec Obia. Un nouvel auteur français débarque à la Série Noire, Brigitte Gauthier avec Personne ne le saura, et la Manufacture de Livres traduit un 3e auteur américain avec JC Amberchele (Tout perdre). Pour les plus jeunes le tome 3 des Lutins Urbains de Renaud Marhic est disponible dans toutes les bonnes échoppes, et ça fonctionne aussi sur les plus grands !




 
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