Les Petits Polars du Dj duclock n°16

jeudi 28 octobre 2010


Après cette histoire de chaise électrique de chez K-Libre et après le meurtre à l'extincteur de Gainsbourg que l'on peut trouver sur L'homme à la tête de chou voici le meurtre au radiateur... à gaz de Resistenz (à voir en concert de toute urgence pour ceux qui n'auraient pas encore fait l'expérience). Le morceau est écoutable sur Deezer, il s'agit du 5ème titre : Radiateur. On peut obtenir plus de renseignements sur l'album Bal Folk Moderne chez Thermogène.




Hors la loi, Belletto

samedi 23 octobre 2010


J’ai refermé Hors la loi en envisageant n’avoir parfois pas tout saisi de l’intention du roman, de son procédé narratif. La façon de raconter l’histoire, son aspect scénaristique, m’ont au départ freinée. Le côté descriptif, restitution des faits, se justifie pourtant. Le roman n’est autre que l’histoire de Luis Archer racontée par lui-même ; plusieurs fois il se mettra en scène en train de noter consciencieusement dans son carnet les événements qui se produisent. Le lecteur, lui, est convié dès le début : "le lecteur se fera son opinion s’il le souhaite..." Il est donc positionné très rapidement à l’extérieur, spectateur. Effet accentué par le nom du héros. Au prénom hispanique, Luis, est associé Archer, un nom qui, selon moi, n’est pas à prononcer à la française mais à l’américaine (à cause de Lew Archer, que les amateurs de polar connaissent, et de Sean Archer du film Volte Face – on a les références qu’on mérite...) Les références de Belletto sont plus pointues : la musique classique abonde puisque le personnage principal est professeur de musique, qu’il joue du piano et parfois de la guitare, et qu’il retranscrit des compositions anciennes. La mort d’une de ses élèves, la fascination pour une femme inconnue, et son amitié avec Maxime le mystérieux expert en droit amèneront Luis Archer à raconter ce qui lui est arrivé. Point de départ :
"Je m’appelle Luis Archer. Je suis né le 6 juin 1966 il y a quarante-deux ans aujourd’hui jour pour jour. Je suis mort le 6 juin 1966 , il y a quarante-deux ans aujourd’hui jour pour jour."

La suite du roman réside dans la compréhension de ces premières lignes. Archer a du mal à vivre, du mal à faire durer une histoire avec une femme (une pendue rôde dans son passé), du mal à se sociabiliser, et des morts vont modifier le cours de sa vie. Le roman prend soudain un virage science-fictionnesque – de ceux qui valent parfois à un roman son classement immédiat au rayon SF (Mircea Cartarescu avec Orbitor, par exemple). L’agréable, je l’ai trouvé dans la richesse du vocabulaire, comme la découverte du féminin de zigoteau : zigotelle, ou encore l’expression "s’emberloquer", autant d’occasions plaisantes d’aller ouvrir un dictionnaire – ça n’arrive pas tous les jours grâce à un roman. Fascinant aussi, le déroulé d’une histoire qui prend de plus en plus d’ampleur, ce sentiment d’assister à quelque chose qui m’échappe. Coïncidences, boucle du temps, réalité et fiction, ces thèmes forment la trame du roman. Chacun pourra y trouver du sens, un sens. J’y ai perçu la vie et la mort d’un personnage de fiction, qui cesse d’exister dès lors que son auteur pose la plume avec laquelle il racontait son histoire. Un livre qu’on imagine aisément relire pour bien le comprendre, quoique le plaisir se trouve aussi dans le fait de le saisir intuitivement. C’est donc une lecture déboussolante qui peine à pouvoir être mise en mots, et si certains ont lu ce Hors la loi je serai curieuse de savoir ce qu’ils ont ressenti.

René Belletto, Hors la loi, P.O.L., 2010, 483p., 19,90 euros

Les Petits Polars du Dj Duclock n°14

jeudi 21 octobre 2010



Comme vous avez pu le lire et l'écouter sur K-Libre dans le Petit Polar n°13, ils sont plusieurs à avoir chanté le Monsieur William de Caussimon mis en musique par Léo Ferré et dans le lot Serge Gainsbourg en propose une version chaloupée et avec des chœurs…

Monsieur William par Serge Gainsbourg


Ateliers polar pour les enfants (2)

mercredi 20 octobre 2010


Après la bibliothèque de Sévérac et la ludothèque de Bout des Pavés à Nantes, nous avons rendu visite le mois d'octobre dernier aux enfants de Chauvé (44) pour discuter littératures policières et leur faire découvrir cet univers par le biais du jeu.


De la couverture

dimanche 17 octobre 2010

(premier roman paru à la Série Noire en 1945, La môme vert-de-gris de Peter Cheyney)

Les amateurs de lecture sont souvent attachés au livre et leur attention va au-delà du texte. L'esthétique des couvertures de romans plante un univers qui peut donner envie d'ouvrir le livre sans même connaître son auteur ou la maison d'édition. Il faudrait revenir sur ces couvertures qui ont fait la gloire des maisons d'édition, devenues objet de collection - on pense notamment à Jean-Claude Clayes et son travail chez Neo. La couverture permet de reconnaître au premier coup d'oeil une maison d'édition. Gallmeister par exemple, a totalement réussi sur ce point-là. Aujourd'hui, les couvertures affichent des photos issues de banques de données, standardisées, stéréotypées. On est loin du travail graphique et abstrait - ce qui avait l'avantage non négligeable de ne pas orienter la lecture - de la collection "présence du futur" de chez Denoël. Prêtez-y attention la prochaine fois chez votre libraire.


La Série Noire, collection historique dans le polar, s'est créée en 1949 sur un nom et une identité visuelle forte et originale : la couverture noire avec sa typographie jaune. Au fil du temps, elle a évolué, changeant de format, de prix... pour finir par abandonner ce qui la distinguait :

C'est un infime détail, un signe de transformation qui se retrouve également chez Rivages qui a elle aussi adopté ces photos lisses et fades pour ses grands formats. Donnent-elles envie de découvrir le roman ?..

Les Petits Polars du Dj Ducock n°12

jeudi 14 octobre 2010


Comme on l’a vu chez K-Libre les luttes syndicales de l’entre deux guerres contre la misère aux USA ont laissé des chansons et quelques syndicalistes sur le carreau. Mais puisque nous parlons de misère penchons-nous un instant sur un sinistre petit polar de Bob Dylan période folk. Dans l’album The Times they are a changin’ de 1964 on compte plusieurs petits polars dont une folk song tirée d’un fait divers : Ballad of Hollies Brown où un père de famille décide de tuer à coup de fusil toute la famille qui meurt de faim.

Bob Dylan, Ballad of Hollies Brown version avec guitare et banjo





Un abonnement... un cadeau (ter) !

mardi 12 octobre 2010

Mise à jour au 21/10/10 : les romans ont tous été offerts !

Le revoilà ! L'Indic n°7 va sortir cette semaine et, en ces temps de crise éternelle, les braquages sont au coeur de notre dossier. Nous vous réservons quelques surprises, à commencer par un roman offert aux 5 premiers abonnements que nous recevrons. Et quel roman... Si vous n'avez pas encore entendu parler de Moi comme les chiens de la française Sophie di Ricci, vous devinez ce qu'il vous reste à faire... Ce roman publié par Moisson Rouge (notre partenaire pour cette offre) est une sacrée bonne découverte. Du côté de L'Indic, c'est Jean-Paul Jody qui débarque avec une nouvelle inédite, écrite dans le cadre d'une résidence d'auteur à Nantes.

Abonnement : 15 euros les 3 numéros, règlement par chèque à l'ordre de Fondu Au Noir - 27 rue Anatole Le Braz - 44000 NANTES.

La foire aux livres

vendredi 8 octobre 2010

Les salons et festivals, j'ai toujours aimé aller y flâner, rencontrer l'auteur dont les romans me plaisent tant, et en découvrir d'autres. J'aurais pu, pour commencer, m'interroger sur cette incapacité à me contenter du livre et cette envie de franchir la barrière de la rencontre pour voir l'auteur "en vrai".

Les salons et festivals, ces dernières années, se sont multipliés - chaque ville veut le sien, dans cette éternelle course à la chose que l'on fait soi-même (comme les blogs) - , les auteurs sont plus nombreux. Il y a les gros salons machines à fric, et aussi beaucoup de petits lieux qui carburent tant bien que mal, entre les frais, la course aux sponsors et l’aide des bénévoles. Un système pernicieux qui actuellement fonctionne sur la course aux chiffres : obtenir le plus d'auteurs possible, et le plus de visiteurs. Il n'y a pas si longtemps à Niort, dans le cadre de l'association, j'ai observé une autre façon de concevoir les rencontres d’auteur : ne pas inviter le plus grand nombre, mais bien en choisir quelques-uns et prendre le temps de les découvrir, parler avec eux. Et ça fonctionne. Tout le monde y trouve son compte. Bien sûr, on ne garde pas l’oeil vissé au compteur, de toute façon le livre attire rarement les hordes de promeneurs. Et d’où vient cette idée que la quantité fait la qualité ? À Cambrai aussi, la médiathèque a innové lors d’une semaine polar où se croisaient exposition, conférence, film, lecture par des comédiens, table ronde et "seulement" quelques auteurs sélectionnés. À Montélimar c'est la formule cafés littéraires qui fonctionne. Les alternatives ne manquent pas.

Dans le monde du polar, Francis Mizio s'est exprimé sur ces points, d'abord en évoquant le sujet il y a quelques temps chez Tata Rapporteuse pour pointer les défauts du salon parisien "Polar en plein coeur" : pas assez de visiteurs (c’est vrai, ça peut être triste, surtout avec 150 auteurs à occuper), pas assez d’alcool (on comprend la gravité de la situation), pas assez de têtes « célèbres » (pour qui ?), un prix décerné par intérêt (ce serait nouveau ?)... Le contre-exemple de Polar en plein coeur serait donc Paris Noir, un salon initié entre autre par Catherine Diran, à qui on pourrait reprocher, si l'on adopte le même oeil critique, d'être elle-même auteur de polars publiés au Masque, et donc pas extérieure au "milieu" et à ses influences. Le copinage, on en sort difficilement...

Il est indispensable aujourd'hui de remettre en cause tout un système, au-delà de la question des salons du livre. Francis Mizio a prolongé sa réflexion il y a quelques jours (ce qui a suscité plusieurs réactions) en annonçant dans un texte détaillé - et qui sent la colère spontanée d'un mauvais week-end à poirauter derrière une table à dédicaces- qu'il ne participerait plus aux salons de dédicaces : Si on veut aider les auteurs, qu'on les paie pour faire des choses plus intéressantes pour tout le monde et pour la littérature que de débiter du bouquin - opinion compréhensible - sauf rémunération par le biais d'une activité annexe : En effet, je n'irai plus en dédicaces si ce n'est pas lié à un moyen de gagner ma vie (atelier d'écriture, rencontre, etc.) Le seul problème, c'est qu'il précise ensuite que Le salon du polar de Pau "un aller et retour dans le Noir", convaincu par les arguments de la marraine de leur 1ère édition, Lalie Walker, vient de décider de rémunérer les auteurs en dédicaces lors de sa prochaine édition début octobre. Si nous le rejoignons sur bien des constats de son texte, et que nous sommes d'accord avec lui pour reconnaître que l'alignement à 50 auteurs dans une salle est inintéressant, il faut aller au bout de cette conviction : on ne lutte pas de manière efficace contre une pratique que l'on critique, en l'acceptant dès lors qu'elle est rémunérée. Nous devons tous bouffer pour vivre, mais peut-être faut-il encore conserver certains principes à ne pas brader. De plus, la dédicace en soi n'est pas inintéressante, il s'agit plutôt de la forme qu'elle revêt, et là chaque auteur le vit différemment. Il faut aussi prendre garde au revers de l'institutionnalisation de la dédicace payante, même s'il y a peu de chances (risques ?) que cela se produise. Ce sera une charge supplémentaire pour les organisateurs, pas toujours riches, qui deviendront plus exigeants et inviteront moins d'auteurs (et là, ce ne sera pas plus mal). Ceux-ci n'en arriveront-ils pas à faire le plus possible de salons possible pour gagner de l'argent ? Tout auteur n'est pas apte à s'exprimer sur n'importe quel sujet de conférence ou n'a pas envie d'animer un atelier et participer à une rencontre. Dans ce cas, doit-on le payer simplement pour signer ses romans ? Et pour des interviews ? Le fait de vouloir "professionnaliser" l'écriture, qu'est-ce que ça implique ? Si les salons ne sont pas intéressants, pourquoi ne pas cesser de participer au plus grand nombre (ou alors on considère effectivement qu'ils ramènent des lecteurs et qu'ils font vendre des livres) pour en sélectionner quelques-uns, les plus intéressants ?

En tout cas, si tout le monde n'est pas d'accord sur les causes et remèdes, l'unanimité semble acquise quant au peu d'intérêt des actuels foires et salons du livre. Bientôt un Grenelle ?

Il semble plus intéressant de se pencher sur le système éditorial, comme l'évoque Francis Mizio dans son texte. Je pense aussi au texte de François Bon. Mieux vaut remettre en cause la source même de la misère des auteurs, un monde qui ramasse l'argent et multiplie, non pas les petits pains, mais les livres sur l'étalage, et a transformé depuis bien longtemps le livre en une marchandise comme une autre, faisant perdre par là-même toute idée d'auteur, l'homme ne devenant qu'une machine à écrire des histoires (plus ou moins bonnes) à la chaîne, chaque aspirant auteur du dimanche ayant une chance d'être publié pour alimenter cette machine gourmande qui se partage le gâteau des modes mercantiles. Là-dedans, pas sûr que le libraire (le vrai), ramasse plus que l'auteur. Actuellement, on doit pouvoir dire sans se tromper qu’en ce qui concerne le milieu du polar, puisqu'il en est question, ça ronronne sacrément et qu’il n’y a pas que du côté des salons qu’il faut secouer la poussière. Pensons en termes de littérature, de qualité d’écriture. À une époque où le roman de gare s’est transformé le plus souvent en un thriller à la Harlan Coben, il faut se poser certaines questions. Quand les auteurs qui, certes, cherchent comme tout le monde à pouvoir bouffer, en arrivent à écrire des bouquins pour écrire des bouquins, pas parce qu’ils ont des choses à dire ou une bonne histoire à raconter, mais qu’ils ont juste l’opportunité de publier dans telle ou telle collection qui se créé (parfois dirigée par des gens eux-mêmes auteurs...), peut-être qu'ils scient eux-mêmes la branche sur laquelle ils sont assis. Et quand on en entend certains expliquer sur des salons qu’ils ne se sont pas foulés et ont écrit vite fait, facile, un roman pour une commande, on peut penser que le problème principal, ce ne sont pas les dédicaces payantes. Ecrire un roman et vouloir gagner de l’argent par ce biais, oui. Vouloir gagner de l’argent et se dire : tiens, si j’écrivais/éditais un polar, y’a du fric à se faire, non. Non seulement la différence est de taille, mais elle concerne un paquet de parutions. L’écrivain ne doit pas forcément crever de faim pour être intéressant, mais la littérature ça veut dire quelque chose. Il serait dommage d'accepter qu'elle soit un produit industriel, ce qui est déjà bien installé aujourd'hui. Tout le monde se prend pour un auteur et a une "chance" d'être publié, il n'y a qu'à voir la prolifération de l'auto-édition. Me vient une question de néophyte : les auteurs ont-ils déjà tenté de se regrouper en "fédération" ou "syndicat" pour faire valoir leurs droits et peser dans la balance ?

Du côté des lecteurs, c’est le niveau d’exigence qu’il faudrait augmenter. Car apprécier un roman ce n’est pas toujours qu’une affaire de goût. Le goût ça se forme, comme en cinéma, comme en musique. Si l’on regarde l’ensemble des parutions et les « critiques » qui les accompagnent, on distingue une masse informe dont n’émerge pas grand chose, chaque roman est « stupéfiant », « haletant », « magnifique » et le Ellroy sorti l’année dernière à grand fracas n’a fait parler de lui que le temps de la promo, à peine eclipsé par un pseudo scandale de réédition de "roman fasciste". Ne pourrait-on pas réfléchir plus sur l’écriture ? Donner de vrais coups de pied dans le tas ? Moins d'avis tièdes et identiques sur les nouveautés qui sortent chaque mois ?

C'est pour ça qu'en ce qui concerne Fondu Au Noir l'objectif est clair, s'entourer de passionnés, voire de spécialistes dans leur genre, des gens qui soient le moins possible partie prenante du "milieu" pour porter un oeil neuf sur lui. Créer un magazine qui ne dise pas ce que tout le monde dit déjà, penser en terme de littérature et mener des actions avec des auteurs compétents. C'est dans ce sens que nous montons nos différents projets, petit à petit, avec nos moyens et à peu près sans l'aide de personne car la "famille" polar, toujours très contente qu'on parle d'elle, ne se rend compte qu'on existe que quand ça l'arrange - à de très rares exceptions près. Mon point de vue sur ce débat inévitable et souhaitable des évènements littéraires, c'est oui aux formes ponctuelles, aux idées un peu folles, au mélange des genres, à toutes les initiatives, et à l'émulation. Aujourd'hui, j'ai hâte de voir fleurir les salons du futur - qui banniront les mots "salon" et "festival" dans toutes leurs nouvelles formes. Quelque chose qui sortira les visiteurs de leur rôle passif d’acheteurs de supermarché, et les auteurs de leur derrière de table, quand ils le souhaitent.

Caroline de Benedetti.

Petit Polar n°10

jeudi 7 octobre 2010




Après avoir revêtu une robe de la marié vengeresse dans « The Wedding List » (voir Petit Polar n°9 sur K-Libre) Kate Bush empoisonne dans Coffe Homeground.


 
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