China Miéville in The City

dimanche 25 décembre 2011


Je ne suis pas une familière de la science-fiction. Je ne maîtrise pas l’histoire du genre et ses classiques. J’ai lu le roman de China Miéville en néophyte, sans pouvoir relier cet opus à sa place dans la SF (à part qu’il m’a évoqué par certains côtés le roman de Mircea Cartarescu, Orbitor).

La ville comme métaphore

J’ai d’abord et surtout apprécié l’imaginaire de l’auteur, tant sur le plan du contexte inventé que des trouvailles langagières et la réappropriation de certains mots (gros travail de traduction !) : bienvenue dans une ville extra-ordinaire où l’on évise, rupte et trame.

The city & the city c’est notre univers familier, à vous et moi, (via des références comme Internet, MP3, Myspace, Amnesty...) mais vu sous un angle décalé ou grossi, comme si l'on jouait à loucher et qu'on ne puisse plus distinguer le modèle original. C’est un monde incarné par une ville, une unité géographique à l’intérieur de laquelle cohabitent en fait deux villes : deux architectures, deux types d’habitants, deux plaques d'immatriculation, deux passeports... Un peu comme si vous développiez une deuxième personnalité, l’une ignorant parfaitement l’autre. Ul Quoma et Beszl, donc, rappellent bien sûr Berlin, la Palestine ou encore l’Afrique du Sud de l’Apartheid, tous ces lieux où une population est mise à l’écart de l’autre. En poussant un peu, on y verra une métaphore de l’altérité, de la dualité et de notre capacité à rejeter l’autre. Il n'est pas toujours besoin de guerre ou de mur pour donner corps à une barrière.

Ul Qoma, dirigée par le Parti National Populaire, a interdit les partis socialistes, fascistes et religieux et mène une glastnostroika. Beszl incarne le capitalisme. Deux Histoires et deux évolutions différentes, racontées par un flic de chaque bord. Là est le plaisir, l’originalité. Explorer avec eux, comprendre la rupture (cet acte de franchir sans autorisation le passage entre deux villes, qui revient à voir l’interdit), et la Rupture, cette police omnipotente, dangereuse, croquemitaine de contes. Un tel contexte joue sur les fantasmes et les légendes, outre celle de la Rupture, il y a celle d’Orciny, une 3e ville, une ville fantôme peuplée de bannis, qui se tiendrait dans les interstices, les espaces vides.

La trame policière

The city & the city est un roman urbain, bien sûr, et pour une fois le qualificatif n’est pas usurpé. La ville est un personnage, double, et triple qui nous promène dans un décor fabuleux. Le prétexte à cette exploration urbaine, c’est une enquête policière, et le gros point faible de l’histoire se situe là, à mon avis. Cadavre retrouvé sur un terrain vague, jeune femme mystérieuse ruptant d’une ville à l’autre, qui l’a tuée, pourquoi ?... finalement cela ne touche pas le lecteur. Mais comprendre Ul Quoma et Beszl, les lois qui les régissent, l’éducation des habitants pour qu’ils apprennent à occulter l’immeuble à côté du leur parce qu’il fait partie de la ville "en face", l’activisme des nationalistes et des unificateurs... Cet environnement soulève des problématiques captivantes, auxquelles on pourra repenser après la lecteur. Mais elles restent à mon sens inabouties, en quelque sorte parasitées.

Dans les problématiques liées à l’existence de deux villes étrangères en une, il y a bien sûr le lecteur, le monde dans lequel il évolue et sa vision des choses. China Miéville ne passe pas loin de nous le faire sentir avec force.

China Miéville, The city & the city, Fleuve Noir, 2011, 20 euros, 391 p.

(Caroline de Benedetti)

Marignac en Milieu hostile

vendredi 16 décembre 2011


« Même le vertige de la chair, hypnose d’autrefois, avait perdu sa puissance de talisman sur leurs corps, désormais plus soucieux d’économie que d’accomplissement. La vie n’était même plus chienne, elle était charogne. »

Ce qui sous d’autres plumes, pourrait donner quelque chose du genre : « Ils essayaient de rallumer la flamme de leur désir. » Et après, qui va me dire que le style c’est des foutaises ? J'avais déjà eu ici une explication avec le monsieur sur le sujet.

Avec ce roman Thierry Marignac s’inscrit sur le chemin du personnage récurrent. On le devinait déjà dans À quai, sous le nom de l’Occidental. Il revenait sous le nom de Dessaignes dans Renegade Boxing Club, à New York, et il se retrouve ici à Sébastopol, attendant après les gémissements d’une femme, avant de se retrouver à Kiev pour solder une vieille dette.

Les collines de Crimée, les rues de Kiev... Les « pays de l’Est », comme on dit de cette chose inconnue et lointaine. Il est rare qu’un roman, qu’un polar, nous trimballe par là-bas. On pourrait donc se dire que cet exotisme fait l’attrait du roman de Marignac. Sauf que. Déjà à New-York son histoire avait de la force. La qualité vient d’ailleurs. Du style déjà mentionné, bien sûr, et de cette façon de raconter les histoires. Quelque chose de rugueux, de dense et de tendu. L’auteur ne cède pas à la facilité, ne donne pas beaucoup de prises extrêmes, qu’elles soient de l’ordre du rebondissement, du glauque ou du sentimentalisme. C’est sobre et retenu, bien des choses se passent entre les lignes.

Le roman noir, dit-on, est le roman du constat (autre tarte à la crème). Il regarde sous le tapis. Milieu Hostile est un excellent roman noir. Outre le contexte géopolitique avec Russie et Ukraine, l’enquête menée par Dessaignes pour l’Alliance (regroupement d’ONG) montre les connexions entre les laboratoires pharmaceutiques, les ONG et les organes de décisions gouvernementaux, ceux qui distribuent les mannes des subventions. Les intervenants sont nombreux, le fil n’est pas toujours facile à suivre. Mais à l’époque de la grippe aviaire et du médiator, plus personne ne doutera de la crédibilité des magouilles mises en oeuvre.

Ces magouilles mettent face à face 4 vieux potes et c'est eux qui font la chair de l'histoire. Pierre Henri et Jean-Charles les deux Sang Bleu, anciens du renseignement militaire ; et les deux roturiers Loutrel et Dessaignes, tout ce petit monde solde ses comptes vieux d’une jeunesse où les rapports de force étaient inversés. Les regrets et les choix d'adultes sont aussi incertains que lorsqu’on a vingt ans. Ici peu de convictions ou d’idéologie, plutôt l’appât du gain, l’obsession pour une femme, la revanche sociale, la quête de rédemption... Une matière sans doute proche de l’auteur - on regardera par exemple sur son blog Antifixion la photo des Blancs Becs, les 3 mousquetaires - mais qu’importe.

Le plaisir est dans les détails, les êtres et les enjeux qui les lient. Là est la matière. Dessaignes est un personnage errant qui prend forme, Marignac son conteur, et nous attendons la suite du chemin.

Thierry Marignac, Milieu hostile, 2011, Baleine

Petit Polar n°118

jeudi 15 décembre 2011




Le Premier hit UK du chanteur anglais Elvis Costello est un Petit Polar ! C'était en 1977...

Elvis Costello & The Attractions, Watching the detectives (Live 1978)


Et n'oubliez pas votre petit polar n°117 Chez K-Libre.

Un abonnement, un cadeau (8)

mercredi 14 décembre 2011


C'était déjà Noël avant l'heure grâce aux éditions Asphalte le mois dernier, et voici qu'Ecorce nous offre, vous offre, un autre beau cadeau : 5 romans du tout nouvel opus Ecorcien, Recluses, de Séverine Chevalier, pour les 5 prochains abonnés à L'Indic.

Après Retour à la nuit (Eric Maneval) et Bois (Fred Gevart), l'éditeur et ses auteurs continuent d'explorer les fêlures - ici le traumatisme d'une mère qui a perdu son enfant - avec un grand soin pour l'écriture. À vous de juger !

Abonnement : 15 euros les 3 numéros, règlement par chèque
à l'ordre de Fondu Au Noir
27 rue Anatole Le Braz - 44000 NANTES.

Murder by Mistletoe (Petit Polar n°116)

jeudi 8 décembre 2011



Y aura-t-il de la neige pour noël ? ça je ne sais pas, mais d'après les Felice Brothers il y en a un qui sera tué par le gui...

Murder By Mistletoe, The Felice Brothers

Comme un p'tit polar... n°114

jeudi 1 décembre 2011


Si la société industrielle et ses maux hantent un grands nombres de polars, il ne faut pas oublier que le crime reste indissociable des sentiments...



Et n'oubliez pas votre Petit Polar n°113 du c^té de chez K-Libre.

Un abonnement, un cadeau (7)

mardi 29 novembre 2011


C'est Noël avant l'heure... Dans le rôle du bonhomme à barbe blanche, nous remercions les éditions Asphalte pour leur dernière parution, Berazachussetts, que les 5 plus récents abonnés à L'Indic vont recevoir par surprise. Surveillez votre boîte aux lettres... Et n'oubliez pas :

Abonnement : 15 euros les 3 numéros, règlement par chèque
à l'ordre de Fondu Au Noir - 27 rue Anatole Le Braz - 44000 NANTES.

Crime in the City (Petit Polar n°112)

jeudi 24 novembre 2011


Il y a une théorie qui dit que le terme policier pour les littératures policières vient non pas de police, mais de polis... la cité. Il est vrai que plus des trois quarts des polars se passent en ville. Un lieu qui va de pair avec l'industrialisation. La ville est parfois même un personnage à part entière.

Neil Young, Crime In The City




Et n'oubliez pas votre Petit Polar n°111 du côté de chez K-Libre...

La France tranquille d'Olivier Bordaçarre

mardi 22 novembre 2011


"On lui a fait croire au bonheur de vivre dans un système qu'il faut aujourd'hui relancer parce que c'est la crise. Mais relancer quoi ? Le marché du luxe ? Il va très bien, merci."


Les cadavres tombent à Nogent, petite ville de province. Les individus vont réagir à l'image des groupes dans lesquels ils s'inscrivent.
La gendarmerie enquête et accentue les contrôles dans la cité.
Le maire ménage la chèvre et le chou.
Les commerçants pensent à leur commerce.
Les caméras de surveillance se vendent comme des petits pains.
La presse encourage la paranoïa.

Pour une fois le tueur, un serial killer, a des motivations intéressantes, politiques, qui ne sont pas sans rappeler le massacre norvégien. Cet aspect aurait mérité un développement de l'auteur, pour contrecarrer le constat social un peu évident et habituel dans ce genre d'histoire. Heureusement, le gendarme Garand apporte une autre touche d'originalité par son attitude pantagruélique et dépressive. S'il ne sauve pas la France, pas plus que Nogent, il parviendra peut-être à remettre sur pied sa vie.

Un roman à ranger à côté du Bloc de Jérôme Leroy et de Bienvenue à Oakland d'Eric Miles Williamson.

Olivier Bordaçarre, La France tranquille, Fayard noir, 2011, 18 euros, 343p.

Lamballe toujours !

dimanche 20 novembre 2011

La Fureur du Noir a fêté ses 15 ans. Cette année encore, toute l'équipe a démontré - s'il était besoin - pourquoi le festival a cette réputation de convivialité. Bien sûr, il y a les expositions, les auteurs et les conférences. Ce qui donne, côté officiel :

Marin Ledun et Dominique Manotti

Mais il y a surtout le reste, les petits plus. Comme par exemple, participer à une émission des Papous. On admire la virtuosité, la finesse, l'érudition. Ils vous tiennent pendant 3 heures sur votre fauteuil, ce n'est pas rien.


Et puis après, comme bien souvent, c'est côté bar que tout se passe. Petit tour en coulisses :

Une partie de l'équipe de La Fureur avec Claude Mesplède,
toujours partant pour un tour de chant.

Pendant ce temps-là le public profite du spectacle.

Profil droit : Thierry Crifo sous l'oeil de François Braud


Profil gauche : Hafed Benotman

Didier Daeninckx et Mouloud Akkouche


Le Père Noël ? Max Obione ? Il était tard, il était flou...

Présences d'Esprits

vendredi 18 novembre 2011

(cliquer pour agrandir)

Nous avons souvent abordé la question du genre en littérature. L'article ci-dessus est tiré du numéro 64 de la revue Présences d'Esprits, qui nous a aimablement autorisés à le reproduire ici pour vous en faire profiter. Son propos rejoint les pistes de réflexion proposées dans L'Indic n°10. Bonne lecture !

Utopiales 2011

Depuis sa création en l'an 2000, le festival des Utopiales ne cesse d'attirer un nombre croissant de visiteurs. 46 000 pendant 4 jours cette année, annonce la presse. Nous avons pu le constater pendant les 2 premiers jours où nous étions présents, le public participe en masse. Il fallait voir les files d'attente à l'entrée de la Cité des Congrès. Entre les expos, les conférences, les jeux, les auteurs, les films et la librairie, les bonnes raisons de venir ne manquent pas. À commencer par les rencontres avec les auteurs et les éditeurs.

Claire Duvivier (éditions Asphalte) et Tommaso Pincio.

En 2012, les enfants sont même présents en force, invités à mener des débats avec des auteurs sur le grand plateau de la salle principale, ou à écrire des histoires avec l'association O'Librius. D'autres visitent la librairie, éberlués par la quantité de livres.


Pendant ce temps, les grands enfants s'éclatent (David Calvo et Norbert Merjagnan).


C'est ça les Utopiales, des moments singuliers et improbables comme un lapin caché dans la foule.

Pour prolonger ces instants, Fondu Au Noir et O'Librius vous invitent à une soirée J'aime pas la SF le 1er décembre prochain. Débat, jeux, lectures, concert... tous les détails sont à suivre sur le blog de l'événement. Vous y trouverez aussi les nombreuses interviews réalisées pendant les Utopiales.

Petit Polar n°110

jeudi 17 novembre 2011


Il y a des auberges où il ne fait pas bon s'arrêter...

Banlieue Rouge, L'auberge des trépassés



Et n'oubliez pas votre Petit Polar n°109 du côté de chez K-Libre.

Les docteurs polar dans le TGV

mardi 15 novembre 2011


C'était à l'occasion du festival Interpol'Art 2011. Les Docteurs Polar ont délivré leurs ordonnances aux voyageurs du TGV Paris-Reims et aux festivaliers Rémois.

Sorties de novembre

lundi 14 novembre 2011


Christian Roux écrit des romans ; nous avons souvent dit le bien que nous en pensons. L'auteur est aussi musicien, chanteur, et si vous êtes passé à côté vous pourrez le découvrir en concert à Paris. Ça se passe les 23, 24 et 25 novembre, à Kiron Espace, 10 rue de la Vacquerie.



Photo Catherine Dowmont

Le Mois du polar a été lancé à Saint Macaire (33).
Aux manettes de la programmation : Christophe Dupuis (librairie Entre-Deux-Noirs 27 cours des Carmes à Langon) et Patrick Rémy (bar Art Cadre, 18, rue Carnot à Saint-Macaire).

Rendez-vous à venir :
Apéro polar animé par Christophe Dupuis, vendredi 18 novembre à 18h30 à la bibliothèque de Sadirac.
Randonnée noire samedi 19 novembre à 18h, départ du bar Art Cadre.
Prix de la soirée 20€ Inscription obligatoire car le nombre de places est limité.
Rencontre avec Hervé Le Corre, 26 novembre à 18h au bar Art Cadre.
Concert noir dimanche 27 novembre à 21h au bar Art Cadre. Rencontre d'un saxo, d'une contrebasse et d'une guitare autour de grands thèmes musicaux de films noirs.
Soirée prohibition le 2 décembre à 18 heures au château du Tertre à Savignac.

Resto-littéraire 2#3

vendredi 11 novembre 2011


Nous vous convions à table avec Martin Page ce mercredi 23 novembre au restaurant Le Montesquieu. Rendez-vous à 20h30 pour une rencontre avec un auteur plein d'imagination (comment feriez-vous disparaître Paris, vous ?) et de curiosité pour les autres.

Avant de le retrouver, n'hésitez pas à lire La disparition de Paris et sa renaissance en Afrique (prix Ouest France Etonnants Voyageurs 2010), ou bien Comment je suis devenu stupide ?

Et n'oubliez pas, réservez vos places par mail ou téléphone.
Mise à jour le 18 novembre : le rendez-vous est complet !

Laura, petit polar n°108

jeudi 10 novembre 2011



Restons un peu dans les musiques de film si vous le voulez bien (voir petit polar n°106), le temps que Jeanne Lee et Ran Blake nous interprètent un Laura fantomatique...



Et n'oubliez pas votre Petit Polar n°108 du côté de chez K-libre.

La mort du polar ?

mardi 8 novembre 2011

De gauche à droite : Serge Quadruppani, François Braud et Alessandro Perrisinotto


Un dimanche de pluie, nous voici partis vers le Grand T, salle nantaise dans laquelle se déroulaient les Rencontres Littéraires Adriatique. Un débat animé par François Braud avait retenu notre attention : Meurtres à l'italienne, en présence de Serge Quadruppani et Alessandro Perrisinotto.

L'après midi a commencé dans la librairie du Grand T par la lecture de textes des 2 auteurs. Une bonne mise en bouche avant d'entrer dans le vif du sujet. Messieurs, qui êtes-vous, qu'écrivez-vous ? Serge Quadruppani, par ailleurs traducteur et directeur de collection chez Métailié, a parlé du personnage de Simona Tavianello, la commissaire de ses deux derniers romans Saturne et La disparition soudaine des ouvrières. Alessandro Perrisinotto, lui, a évoqué ses premiers romans policiers, ses sujets de préoccupation...

François Braud a questionné les 2 auteurs sur leur définition du polar, genre dans lequel ils s'inscrivent. Alessandro Perissinotto a alors développé longuement la question pour expliquer qu'en Italie la majorité des romans policiers, aujourd'hui, proposent des meurtres, plein de rebondissements, des serial killers... "Je n'ai plus envie d'écrire des romans policiers là où les autres écrivent des romans comiques." Pour lui, c'est redevenu du roman de gare, dans le sens d'une littérature mal écrite et inintéressante. Ce qu'il veut, c'est parler de la société, de ce qui va mal, de l'envers du décor. Il utilise la métaphore du train qui montre l'arrière des maisons, leur côté caché, sale. Ce qu'il a en projet, c'est l'écriture de l'histoire de l'entreprise Fiat, tenue par la célèbre famille Agnelli, qui veut la délocaliser. Serge Quadruppani lui répond : "En fait ce que tu nous dis c'est que tu écris du roman noir."

Au-delà de cet échange passionnant, la remarque d'Alessandro Perissinotto qui dit "le polar en Italie maintenant c'est le thriller... des tueurs comme s'il en pleuvait" et que du coup "le polar a perdu de son énergie révolutionnaire", souligne bien l'état actuel du polar. Même aux yeux de certains auteurs, c'est un genre phagocyté par une catégorie de romans produits à grande échelle, usant et abusant de thèmes qui faussent l'identité même du polar aux yeux du grand public. "Je n'ai plus envie d'écrire du polar. Je veux parler de la fin de FIAT et pour cela... ce n'est plus le polar." Quelles en seront les conséquences pour le genre ? La question se pose.

Petit Rififi (petit polar n°106)

jeudi 3 novembre 2011


Le film est tiré d'un roman d'Auguste Le Breton. Jacques Larue a composé les paroles sur une musique de Philippe Gérard pour Du rififi chez les hommes (1955) de Jules Dassin. L'actrice Magali Noël est à la voix. La chanson explicite un thème d'argot et on est pas loin, pour la teneur des paroles, de certains petits polars issus du gangsta rap. Nous sommes en plein dans les clichés du polar... et d'une certaine époque.






Je reste roi d'Espagne, Carlos Salem

mercredi 2 novembre 2011

Qui suis-je ?
Comment vivre ? Ce que je suis correspond-il à ce que je veux être ?

Roman après roman, Carlos Salem cherche la réponse. Voici Je reste roi d’Espagne ; la route est de retour, tout comme la poésie et l’onirisme d’Aller Simple, et une galerie d'individus incroyables, à l’image de ce devin amnésique qui explique aux gens leur passé pour compenser son absence de souvenirs. D’ailleurs, tous les personnages ont perdu quelque chose : l’amour bien sûr, la mémoire, l’insouciance ou la mélodie, comme le chef d’orchestre et son incroyable voiture.

Le polar est un miroir social, serine-t-on souvent. Le réalisme et la noirceur sont convoqués, dans des schémas qui manquent parfois d’originalité. La force de Carlos Salem tient dans cette alchimie entre une utilisation maximale de la langue (il faut rendre hommage à la traductrice) et l'image qu'il nous donne à voir du monde.

« L’honnêteté en politique est un état gazeux qui peut se disperser dans le vent de la nécessité, des intérêts du parti ou de la tendresse pour le fauteuil qui aura fini par prendre la forme de son cul. »

Comme je le dis dans le dernier Indic, Salem c’est un peu Alice au pays des merveilles, une promenade de l’autre côté du miroir. On y trouve des individus perdus dans la société et dans un costard mal taillé, à l’image de Txema et ses déguisements, ses fausses identités qu’il endosse avec bonheur pour ses enquêtes.

Pendant que certains sauvent le roi d'Espagne, d'autres travaillent à la renaissance d'un genre.

Carlos Salem, Je reste roi d'Espagne, Actes Noirs, 2011, 22 euros, 397 p.

(Caroline de Benedetti)

Au village aussi (Petit Polar n°104)

jeudi 27 octobre 2011



Continuons un peu avec Georges Brassens si vous le voulez bien. L'assassinat nous rappelle qu'il n'y a pas qu'en ville que l'on trucide...

L'assassinat de Georges Brassens par Joël Favreau et Jean-Jacques Franchin.


Jonathan Lethem, Flingue sur fond musical

lundi 24 octobre 2011

Une lecture proposée par Laurent Leleu, par ailleurs éminent tenancier du blog Yossarian.



« Elle était là quand je me suis réveillé, je le jure. L'intuition. »

Conrad Metcalf n'aime pas que l'on empiète sur ses plates-bandes. Dans son domaine, c'est un as de l'investigation. Du moins, est-ce ainsi qu'il aime s'imaginer, et ce ne sont pas ses clients qui diront le contraire. Ils n'ont pas intérêt...

Metcalf ne nourrit aucune illusion. La société est un égout à ciel ouvert charriant des étrons humains. Les notables, les bourgeois ne valent guère mieux que la racaille. Tous des truands en costume ! Mais Metcalf a des principes. Lorsqu'on lui confie une affaire, il va jusqu'au bout. En vrai dur à cuire, il ne lâche pas le morceau. Et plus on lui met de bâtons dans les roues, plus l'enquête devient obscure, plus il se montre acharné. Telle est l'image qu'il se fait de son boulot d'inquisiteur privé.

« Malgré les deux ou trois couches de textile qui nous séparaient, je jure que je sentis ses mamelons me gratter les côtes comme des allumettes au soufre. »

On l'aura compris, avec Flingue sur fond musical Jonathan Lethem braconne sur les terres du roman noir américain. La référence à Chandler saute aux yeux de l'amateur. Elle est d'ailleurs assumée dès la dédicace. Avec ce premier roman, Lethem ne se cantonne toutefois pas au pastiche. Il agglomère des ingrédients SF à son intrigue, accouchant d'une sorte d'hybride à la gouaille réjouissante, où abondent les descriptions savoureuses, les dialogues sarcastiques et les situations croquignolesques.

« C'était une quinquagénaire avec de beaux restes, soit une trentenaire déjà faisandée. Je penchais plutôt pour la seconde hypothèse. »

L'omniprésence de l'humour semble en effet la caractéristique principale d'un récit lorgnant au moins autant sur Chandler que sur Dick. Lethem transpose les ressorts et les archétypes du polar dans un univers de SF. Truands, flics – pardon, inquisiteurs – véreux, femmes fatales et privés évoluent ainsi dans un cadre dystopique, une sorte d'État totalitaire droguant ses citoyens à l'Oubliol, substance en vente libre dans les pharmacies. De même, la radio diffuse des nouvelles musicales en lieu et place des informations, histoire d'apaiser les esprits (un procédé que l'on retrouve dans Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques). Et si jamais quelque fâcheux vient à perturber l'ordre, le bureau d'Inquisition s'empresse de lui retrancher quelques points de karma sur sa carte. Un avertissement pour le ramener à la raison. La congélation en guise de viatique pour les zéros karmiques.

« Quand j'avais choisi ce métier, j'avais cru bêtement que le jeu consistait à reconnaître un coupable dans une brochette d'innocents. En vérité, il s'agissait plutôt de repérer des innocents dans une foule de salopards. Et de les sauver si possible. »

Cependant, ce monde ne manque pas aussi de bizarreries et de zones d'ombre. Loin d'être lisse et policé, il donne plutôt l'impression d'une jungle sillonnée de prédateurs impitoyables. Grâce à une thérapie évolutive, les nourrissons et les animaux accèdent au statut de citoyens. Bébétêtes, le cigare au coin de la bouche et kangourous armés, en imperméable mastic, arpentent les rues de la cité, alimentant la chronique du crime organisé et contribuant à la mauvaise réputation de certains bars. Les bourgeois peuvent s'offrir les services de domestiques animaux (et non le contraire), histoire de tenir propre leur maisonnée, et plus si affinité, nourrissant ainsi leurs penchants zoophiles refoulés.

Bref, Flingue sur fond musical s'avère une lecture fort sympathique. Un OLNI au phrasé joliment troussé, à l'intrigue certes archétypée, mais les références sont assumées. Un roman à lire le sourire aux lèvres, sans se forcer, tant le style de Jonathan Lethem est accrocheur.

Jonathan Lethem - Flingue sur fond musical (Gun, with occasional music, 1994) – J'ai Lu, 1996 (roman inédit traduit de l'anglais [États-Unis] par Francis Kerline)

Down by the River... (petit polar n°102)

jeudi 20 octobre 2011


Les petits polars qui causent d'un type qui va buter sa femme ou qui vient de la buter parce qu'il l'a trouvée avec un autre homme sont légions dans les chansons anglo-saxonnes (l'inverse est moins courant). Neil Young ne déroge pas à la règle avec un blues rock d'un peu plus de 12 minutes enregistré au Fillmore en 1970.

Neil Young and the Crazy Horse, Down by the River

Bouts d'Indic - n°3

mardi 18 octobre 2011

Cliquez pour voir en grand.

Un abonnement, un cadeau (6)

vendredi 14 octobre 2011



Attention le voilà, il est arrivé presque sans qu'on ait vu le temps passer... c'est le dixième ! Depuis mai 2008 L'Indic poursuit son chemin, défrichant le vôtre pour multiplier les pistes de réflexion et de lectures des amateurs de polar et autres littératures. Ce n'est pas une mince réalisation, par les temps qui courent, et comme dans les cérémonies il faut remercier : le graphiste-maquettiste Dominique Tanguy ; les rédacteurs passés, présents et à venir ; les abonnés et lecteurs qui nous suivent et nous encouragent... Grâce à eux L'Indic existe et se présente sous vos yeux dans une version légèrement modifiée.

Pour cet Indic de fête, nous offrons aux 5 prochains abonnés un ouvrage optimiste, pour attaquer l'hiver. Il y flotte un air de fin du monde alors que le jour refuse de se coucher... Il s'agit du premier roman de Camille Leboulanger, Enfin la nuit, que vous pourrez découvrir en interview dans ce numéro. Merci aux éditions L'Atalante pour ce partenariat !

Attention tous les romans ont été offerts ! Merci aux abonnés !

Abonnement : 15 euros les 3 numéros, règlement par chèque
à l'ordre de Fondu Au Noir - 27 rue Anatole Le Braz - 44000 NANTES.

Resto-littéraire 2#2

jeudi 13 octobre 2011


Nous vous convions au 2e resto-littéraire de cette rentrée pour une rencontre avec Sébastien Rutés, qui sort son tout nouveau roman Mélancolie des corbeaux dans la collection Actes Noirs.

Cette soirée du jeudi 20 octobre commencera à 18h à la librairie l'Atalante pour se poursuivre à 20h30 au café Livresse. Simon et Marie nous accueillerons avec un menu spécial, dans ce lieu qu'ils viennent d'ouvrir et de décorer de livres. Avec l'auteur, nous parlerons entre autres de littérature hispanique, Sébastien Rutès étant maître de conférence et enseignant en littérature latino-américaine. Il a publié de nombreuses études universitaires sur le roman policier hispano-américain et un essai consacré au Mexicain Paco Ignacio Taibo II. Il est l’auteur de plusieurs nouvelles, en espagnol et en français, et de deux romans publiés aux éditions L’Atinoir : Le Linceul du vieux monde (2008) et La Loi de l’Ouest (2009).

N'oubliez pas de réserver votre place !

Petit Polar n° 100

mercredi 12 octobre 2011


Il fallait bien que cela arrive, voici le 100ème Petit Polar. Je vais en profiter pour faire une remarque : sans les criminels, sans la société industrielle et ses méfaits, sans l'adrénaline et la littérature... il n'y aurait pas de polars, ni de petits polars. Alors voici... stance à un cambrioleur.



La qualité de l'enregistrement n'est pas très bonne, mais tout le monde devrait avoir un ou trois disques de Georges Brassens par devers soi. Vous pouvez aussi trouver le titre en question du côté de chez Deezer. Et n'oubliez pas de vous rendre chez K-Libre pour votre Petit Polar n°99.

Interpol'Art, Reims 2011

lundi 10 octobre 2011


Ça change des gymnases et salles des fêtes non ? La Demeure des Comtes de Champagne ouvrait ses portes ce week end à des individus hautement suspects : des auteurs et des lecteurs de polar.
(cliquez sur les photos pour les agrandir)


Du côté des organisateurs aussi, il faut dire, il y avait des gens bizarres... Ici Florian.


Les mains de Franz Bartelt, Gilles del Pappas, Sylvie Cohen, Jean-Jacques Reboux.


Franz Bartelt.


Pendant ce temps-là, les Docteurs tentent de convertir le cameraman.


Dominique Manotti et son regard... Dominique Manotti et son sourire, à côté de Philippe Kleinmann.




Aline Kiner a obtenu le prix InterpolArt 2011 pour son roman Le jeu du pendu. (ci-dessous avec son éditrice)




Plus tard, nous avons dîné au restaurant le QG et ça valait le détour... La patronne s'est échappée d'un roman de Simenon !


Le lendemain matin, la reprise est dure, Jean-Marc Pitte fait la grimace à Thierry Bourcy.

Heureusement les Docteurs Polar servent aussi le café.


Gilles Del Pappas, ses lunettes, sa casquette et... son appareil photo.



Les Docteurs croisent une spécialiste à qui il faudra délivrer une ordonnance sévère !

Un bien beau week end sous les bulles de champagne et les macarons, merci à toute l'équipe de ce beau festival.
 
◄Design by Pocket