Cour Martiale, Howard Fast

jeudi 15 juillet 2010


180 pages avec tout ce qu’il faut, style et histoire, du genre comme on en fait presque plus aujourd’hui où l’objectif 400 pages vise à faire croire au lecteur qu’il va en avoir pour son argent. Howard Fast, c’est celui de la série des prénoms, Sylvia... évoqué dans le numéro 6 de l’Indic. Cour Martiale raconte une affaire de meurtre entre un soldat américain et un soldat anglais, pendant la Seconde Guerre Mondiale. Devenue une affaire politique entre les deux pays, et un symbole de justice, le procès menace d’être vite expédié. L’avocat chargé de la défense, le capitaine Adams, représente le parfait américain, un peu boyscout, décoré grâce à ses exploits pendant la guerre. Sous cette apparence parfaite a pourtant lieu un débat pour des principes.

Il vivait avec un visage que des dessinateurs sans imagination et généreusement payés reproduisaient à des millions d’exemplaires pour les meilleures agences nationales de publicité, un visage de petit garçon sur un corps d’homme, un visage gai, paisible, impassible, insensible et vide qui était devenu une sorte d’orgueil national, qui proclamait la sotte, l’infantile, la superficielle jubilation d’un peuple qui n’avait jamais osé se juger lui-même à voix haute.

Le début laisse craindre une ode douteuse au patriotisme et à la force militaire, mais la complexité du personnage d’Adams transforme vite le tout en un questionnement sur la justice. Adams ne s’explique pas bien pourquoi l’affaire Winston lui tient à coeur, pourquoi il défend un paranoïaque assassin qui se croit habité par Dieu et hait les Juifs. Sa position le heurte à l’incompréhension d’une corporation persuadée qu’il agit pour sa propre gloire. Le procès de cet homme déclaré malade par un médecin, c’est l’éternel procès de la responsabilité face à la folie, et de manière plus large, le procès de l’humanité.

- Il y a cependant une chose sur laquelle je pense pouvoir mettre le doigt.
- Et laquelle ? demanda froidement Kaufman.
- La maladie de Winston, et sur le fait que sa maladie est celle du monde entier. La réponse est-elle la pendaison, major ? Il se peut – et peut-être aussi sommes-nous en train d’exécuter le monde. Est-ce cela que vous tentiez de me dire ?

Avec Cour Martiale, Howard Fast met en avant la défense de principes et valeurs qu’il ne faut pas perdre de vue au risque de faire s’effondrer un équilibre durement acquis. Un roman écrit en 1959 qui trouve bien des échos avec le monde d’aujourd’hui.

Nous avons chèrement acquis et organisé un système de droit qui nous dit que lorsque l’esprit d’un homme est mortellement atteint, cet homme ne peut être tenu pour responsable de ses actes ni puni pour ces actes. Je ne connais rien de plus important que ce souci apparemment ritualiste des droits d’un seul individu (...)

Howard Fast, Cour Martiale, Néo

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