On aime beaucoup la richesse du site Locus Solus. En lisant le texte ci-dessous vous comprendrez pourquoi. Merci pour ce partage, monsieur Th !
Je ne parlerai pas de Hammett, Chandler, Thompson, Ellroy, Malet, Manchette, etc., etc., ni même de deux de mes chouchous, Donald Westlake et Marc Behm (1). De deux choses l’une si vous fréquentez Fondu au noir : ou bien vous les avez lus, ou bien ils sont déjà sur vos listes. Je ne citerai guère de titres récents non plus, d’une part parce que je lis moins de polars qu’autrefois (ça va par phases, ça reviendra), et d’autre part parce que je m’approvisionne essentiellement dans les brocantes.
Depuis Charles Williams, le polar chez les ploucs est devenu un sous-genre en soi. Situé dans le Tennessee rural, Je suis un sournois de Peter Duncan (Série noire) porte bien son titre puisqu’on se demande à tout moment si son narrateur, policier fourbe et bigot, est réellement le bon apôtre qu’il prétend être ou s’il se fout de nous. Tout aussi boyautant, La bouffe est chouette à Fatchakulla de Ned Crabb (Folio policier) nous transporte dans un trou perdu de la Floride profonde et superstitieuse, peuplée de tarés consanguins, d’hurluberlus pittoresques et d’un inquiétant bestiaire. L’intrigue est en outre émaillée de références décalées à Sherlock Holmes, on ne peut plus incongrues dans le contexte. Plus sérieux, La chaire est faible de Michael Hinkemeyer (Série noire) est l’œuvre d’un artisan capable comme on les aime : religiosité et corruption dans un bled du Minnesota, la famille du pasteur abattue à coups de fusil, de présumés coupables qui arrangent tout le monde à la veille des élections et un shérif en fin de carrière qui n’a plus rien à perdre.
Le monde moderne, en tant qu’il est dominé par le spectacle, a inspiré nombre d’excellents livres. On tue aussi les anges de Kenneth Jupp (Série noire) mériterait une réédition. Quand bien même elle date du début des années 1980, la peinture du show-biz californien n’y a pas pris une ride, grâce à une écriture blanche qui orchestre un jeu savant de rimes et de reflets faisant écho à une vacuité fondamentale. Il y a la victime d’un viol atroce enfermée dans le mutisme, une rock-star au physique angélique, et le tout s’achève en tragédie glacée. Plus près de nous, Porno Palace (Rivages), le plus réussi des romans de Jack O’Connell, propose une fascinante architecture baroque en forme de labyrinthe onirique. Dans une ville en état de déliquescence avancée se dresse une salle de cinéma monumentale datant de l’âge d’or hollywoodien, reconvertie dans le porno à prétention artistique par un caïd qui se prend pour le Von Stroheim du hardcore. Autour ce palace rococo excitant diverses convoitises gravitent une demi-douzaine de personnages reliés à leur insu les uns aux autres. À travers leurs parcours croisés, O’Connell interroge notre rapport à l’image, source de voyeurisme morbide et marchandise par excellence de notre temps, objet de trafics et de manipulations, haut lieu enfin de résonance fantasmatique.
À propos d’intrigues entrecroisées, il paraît que les romanciers-de-la-rentrée ont découvert cette année les charmes du « roman choral », comme on dit à présent. Ma foi, il y a des années que les polareux pratiquent la chose sans le clamer sur les toits. Voyez par exemple Libres Sévices de Deanne Barkley (parcours croisés de divers protagonistes autour d’une autoroute sillonnée en tous sens par un tueur fou ; Série noire) ; ou encore Toutes peines confondues d’Andrew Coburn (Rivages). Classiques mais solides, avec un talent réel pour installer une atmosphère et suggérer des non-dits par la stricte description des comportements.
Jean-François Vilar semble avoir disparu de la circulation et c’est bien dommage. Histoire d’un commando très spécial fomentant ses méfaits par référence à l’œuvre de Duchamp, C’est toujours les autres qui meurent (Babel) imposa le personnage de Victor Blainville, photographe nonchalant et flâneur de Paris dont il affectionne les recoins secrets chargés de mémoire, des passages couverts aux coulisses du Musée Grévin. Ses enquêtes suivantes réveillèrent les fantômes de l’Histoire : Paris de la Révolution (les Exagérés, le plus beau de tous, Points-Seuil), Paris des réfugiés latino-américains (Bastille Tango, Babel), Paris des surréalistes et des militants politiques des années 1930 (Nous cheminons entourés de fantômes aux fronts troués, Seuil, « Fiction et Cie »). Autant de jeux de pistes entre passé et présent sur lesquels plane une étrange mélancolie.
L’Histoire court aussi en filigrane dans les aventures de Horatio Cassidy, narrées par l’excellent John Crosby. Ex-agent de la CIA devenu professeur, à la fois érudit et homme d’action, ce franc-tireur anticonformiste puise régulièrement dans ses connaissances en histoire antique et médiévale des leçons de stratégie pour mener à bien les guerres contemporaines. Les péripéties ne reculent pas devant l’énormité, le ton est caustique et cinglant, c’est tout à fait jubilatoire. Quatre titres chez 10/18 : le Clou de la saison, Pas de quartier, À la volée, Tu paies un canon ? (plus faible, celui-ci).
Au rayon des OPNI (objets polaresques non identifiés), on ne loupera pas la Mort en gros sabots de John Franklin Bardin (Joëlle Losfeld), qui démarre dans la pure démence cauchemardesque, puis se recentre plus sagement sur une histoire d’amnésie, sans perdre néanmoins sa qualité onirique, à quoi s’ajoute même quelque chose de poignant. Bardin n’a malheureusement pas réitéré ce coup de maître dans Qui veut la peau de Philip Banter ?, dont le point de départ est excitant mais la résolution décevante.
Une poignante mélancolie plane aussi sur le beau Sylvia d’Howard Fast (Rivages). Parce que l’enquêteur y tombe amoureux de la mystérieuse inconnue dont il reconstitue le passé avant de la rencontrer dans la réalité, on songe à Laura de Preminger, et c’est tout dire.
Au rayon humour noir, on goûtera On tue et tu paies de Barbara Paul (Série noire), ou la traque d’un tueur à gages au modus operandi non-orthodoxe (d’abord, je tue X dont Y rêve de se débarrasser, ensuite j’envoie la facture à Y en le menaçant du pire s’il refuse de casquer), doublée d’une sombre histoire de plagiat littéraire. Et l’on n’oubliera pas les nouvelles de Stanley Ellin, orfèvre du genre, aux chutes incomparables et souvent vertigineuses (quatre recueils au Masque, dont les deux meilleurs sont le Compagnon du fou et la Dernière Bouteille).
Les whodunit n’ont peut-être pas droit de cité sur un site consacré au genre noir. Alors vite, vite en terminant, écrivons que Pierre de lune de Wilkie Collins (Phébus) est un chef-d’œuvre inoubliable avec une passionnante construction à points de vue multiples ; qu’on ne saurait décemment mourir avant d’avoir lu Chesterton (les Enquêtes du père Brown, Omnibus, et puis toutes ses nouvelles non-policières itou) ; que Nicholas Meyer est le meilleur des innombrables continuateurs de Conan Doyle (la Solution à Sept pour cent, l’Horreur du West End), et Claude Aveline un remarquable styliste (Suite policière, Mercure de France) ; que l’Affaire Manderson d’E.C. Bentley (Le Masque) est un whodunit classique pourvu d’un ingénieux dénouement à triple détente ; que Trois Détectives de Leo Bruce (Le Masque) et L’Invisible Monsieur Levert de John Sladek (Red Label) sont de savoureux pastiches ; qu’on ne regrettera pas d’emporter sur la plage le Secret de la bande élastique de Rex Stout (Rivages) et les enquêtes de Charlie Chan (Earl Derr Biggers, Bouquins-Laffont) ; et que Mildred Davis a réussi un livre diablement insidieux avec Crimes et Chuchotements (Rivages).
Depuis Charles Williams, le polar chez les ploucs est devenu un sous-genre en soi. Situé dans le Tennessee rural, Je suis un sournois de Peter Duncan (Série noire) porte bien son titre puisqu’on se demande à tout moment si son narrateur, policier fourbe et bigot, est réellement le bon apôtre qu’il prétend être ou s’il se fout de nous. Tout aussi boyautant, La bouffe est chouette à Fatchakulla de Ned Crabb (Folio policier) nous transporte dans un trou perdu de la Floride profonde et superstitieuse, peuplée de tarés consanguins, d’hurluberlus pittoresques et d’un inquiétant bestiaire. L’intrigue est en outre émaillée de références décalées à Sherlock Holmes, on ne peut plus incongrues dans le contexte. Plus sérieux, La chaire est faible de Michael Hinkemeyer (Série noire) est l’œuvre d’un artisan capable comme on les aime : religiosité et corruption dans un bled du Minnesota, la famille du pasteur abattue à coups de fusil, de présumés coupables qui arrangent tout le monde à la veille des élections et un shérif en fin de carrière qui n’a plus rien à perdre.
Le monde moderne, en tant qu’il est dominé par le spectacle, a inspiré nombre d’excellents livres. On tue aussi les anges de Kenneth Jupp (Série noire) mériterait une réédition. Quand bien même elle date du début des années 1980, la peinture du show-biz californien n’y a pas pris une ride, grâce à une écriture blanche qui orchestre un jeu savant de rimes et de reflets faisant écho à une vacuité fondamentale. Il y a la victime d’un viol atroce enfermée dans le mutisme, une rock-star au physique angélique, et le tout s’achève en tragédie glacée. Plus près de nous, Porno Palace (Rivages), le plus réussi des romans de Jack O’Connell, propose une fascinante architecture baroque en forme de labyrinthe onirique. Dans une ville en état de déliquescence avancée se dresse une salle de cinéma monumentale datant de l’âge d’or hollywoodien, reconvertie dans le porno à prétention artistique par un caïd qui se prend pour le Von Stroheim du hardcore. Autour ce palace rococo excitant diverses convoitises gravitent une demi-douzaine de personnages reliés à leur insu les uns aux autres. À travers leurs parcours croisés, O’Connell interroge notre rapport à l’image, source de voyeurisme morbide et marchandise par excellence de notre temps, objet de trafics et de manipulations, haut lieu enfin de résonance fantasmatique.
À propos d’intrigues entrecroisées, il paraît que les romanciers-de-la-rentrée ont découvert cette année les charmes du « roman choral », comme on dit à présent. Ma foi, il y a des années que les polareux pratiquent la chose sans le clamer sur les toits. Voyez par exemple Libres Sévices de Deanne Barkley (parcours croisés de divers protagonistes autour d’une autoroute sillonnée en tous sens par un tueur fou ; Série noire) ; ou encore Toutes peines confondues d’Andrew Coburn (Rivages). Classiques mais solides, avec un talent réel pour installer une atmosphère et suggérer des non-dits par la stricte description des comportements.
Jean-François Vilar semble avoir disparu de la circulation et c’est bien dommage. Histoire d’un commando très spécial fomentant ses méfaits par référence à l’œuvre de Duchamp, C’est toujours les autres qui meurent (Babel) imposa le personnage de Victor Blainville, photographe nonchalant et flâneur de Paris dont il affectionne les recoins secrets chargés de mémoire, des passages couverts aux coulisses du Musée Grévin. Ses enquêtes suivantes réveillèrent les fantômes de l’Histoire : Paris de la Révolution (les Exagérés, le plus beau de tous, Points-Seuil), Paris des réfugiés latino-américains (Bastille Tango, Babel), Paris des surréalistes et des militants politiques des années 1930 (Nous cheminons entourés de fantômes aux fronts troués, Seuil, « Fiction et Cie »). Autant de jeux de pistes entre passé et présent sur lesquels plane une étrange mélancolie.
L’Histoire court aussi en filigrane dans les aventures de Horatio Cassidy, narrées par l’excellent John Crosby. Ex-agent de la CIA devenu professeur, à la fois érudit et homme d’action, ce franc-tireur anticonformiste puise régulièrement dans ses connaissances en histoire antique et médiévale des leçons de stratégie pour mener à bien les guerres contemporaines. Les péripéties ne reculent pas devant l’énormité, le ton est caustique et cinglant, c’est tout à fait jubilatoire. Quatre titres chez 10/18 : le Clou de la saison, Pas de quartier, À la volée, Tu paies un canon ? (plus faible, celui-ci).
Au rayon des OPNI (objets polaresques non identifiés), on ne loupera pas la Mort en gros sabots de John Franklin Bardin (Joëlle Losfeld), qui démarre dans la pure démence cauchemardesque, puis se recentre plus sagement sur une histoire d’amnésie, sans perdre néanmoins sa qualité onirique, à quoi s’ajoute même quelque chose de poignant. Bardin n’a malheureusement pas réitéré ce coup de maître dans Qui veut la peau de Philip Banter ?, dont le point de départ est excitant mais la résolution décevante.
Une poignante mélancolie plane aussi sur le beau Sylvia d’Howard Fast (Rivages). Parce que l’enquêteur y tombe amoureux de la mystérieuse inconnue dont il reconstitue le passé avant de la rencontrer dans la réalité, on songe à Laura de Preminger, et c’est tout dire.
Au rayon humour noir, on goûtera On tue et tu paies de Barbara Paul (Série noire), ou la traque d’un tueur à gages au modus operandi non-orthodoxe (d’abord, je tue X dont Y rêve de se débarrasser, ensuite j’envoie la facture à Y en le menaçant du pire s’il refuse de casquer), doublée d’une sombre histoire de plagiat littéraire. Et l’on n’oubliera pas les nouvelles de Stanley Ellin, orfèvre du genre, aux chutes incomparables et souvent vertigineuses (quatre recueils au Masque, dont les deux meilleurs sont le Compagnon du fou et la Dernière Bouteille).
Les whodunit n’ont peut-être pas droit de cité sur un site consacré au genre noir. Alors vite, vite en terminant, écrivons que Pierre de lune de Wilkie Collins (Phébus) est un chef-d’œuvre inoubliable avec une passionnante construction à points de vue multiples ; qu’on ne saurait décemment mourir avant d’avoir lu Chesterton (les Enquêtes du père Brown, Omnibus, et puis toutes ses nouvelles non-policières itou) ; que Nicholas Meyer est le meilleur des innombrables continuateurs de Conan Doyle (la Solution à Sept pour cent, l’Horreur du West End), et Claude Aveline un remarquable styliste (Suite policière, Mercure de France) ; que l’Affaire Manderson d’E.C. Bentley (Le Masque) est un whodunit classique pourvu d’un ingénieux dénouement à triple détente ; que Trois Détectives de Leo Bruce (Le Masque) et L’Invisible Monsieur Levert de John Sladek (Red Label) sont de savoureux pastiches ; qu’on ne regrettera pas d’emporter sur la plage le Secret de la bande élastique de Rex Stout (Rivages) et les enquêtes de Charlie Chan (Earl Derr Biggers, Bouquins-Laffont) ; et que Mildred Davis a réussi un livre diablement insidieux avec Crimes et Chuchotements (Rivages).
1. Parmi ces grandes figures, une exception tout de même en faveur de John MacDonald, parce qu’il me paraît un peu négligé aujourd’hui. La Foire d’empoigne, les Énergumènes, Dans les plumes (très hammettien), la Tête sur le billot (meurtre chez les cadres, une vision prémonitoire de l’entreprise moderne), Strip-Tilt (et son gadget à arrêter le temps, sujet qui a inspiré aussi le désopilant Point d’orgue de Nicholson Baker, qui n’est pas un polar), de même que ses quatre recueils de nouvelles publiés chez Rivages, méritent le détour. Tant qu’à y être, faites une petite place à un bon continuateur de Chandler, Howard Browne (À la schlague, Série noire).
La liste de lectures :
Je suis un sournois, Peter Duncan, Gallimard Série noire, 1993,
5 ,95 euros, 200p.
La bouffe est chouette à Fatchakulla, Ned Crabb, Folio policier, 2008, 6 euros, 266p.
La chaire est faible, Michael Hinkemeyer, Gallimard Série noire, 1979, 4,80 euros
On tue aussi les anges, Kenneth Jupp, Gallimard Série noire, 1981
Porno Palace, Jack O’Connell, Rivages Noir, 2001, 10,40 euros
Libres Sévices, Deanne Barkley, Gallimard Série noire, 1979, 4,80 euros
Toutes peines confondues, Andrew Coburn, Rivages Noir, 1992, 9 euros, 334p.
C’est toujours les autres qui meurent, Jean-François Vilar, Babel Noir, 2008, 7,50 euros, 259p.
Les Exagérés, Jean-François Vilar, Points-Seuil, 1990, 351p.
Bastille Tango, Jean-François Vilar, Babel, 1999, 8,50 euros, 369p.
Nous cheminons entourés de fantômes aux fronts troués, Jean-François Vilar, Seuil,
« Fiction et Cie », 199321,10 euros, 475p.
Le Clou de la saison, Pas de quartier, Tu paies un canon ?, À la volée, Tu paies un canon ?, John Crosby, 10/18
La Mort en gros sabots, John Franklin Bardin, Joëlle Losfeld, 2000, 10 euros, 196 p.
Sylvia, Howard Fast, Rivages Noir, 1990, 8,40 euros, 295p.
On tue et tu paies, Barbara Paul, Gallimard Série noire, 1987, 5,95 euros, 281p.
Le compagnon du fou et La Dernière Bouteille, Stanley Ellin, Le Masque, 1989
Pierre de lune, Wilkie Collins, Phébus, 1998, 12,04 euros, 507p.
Les Enquêtes du père Brown, Chesterton, Omnibus, 2008, 28 euros, 1203p.
La Solution à Sept pour cent, l’Horreur du West End, Nicolas Meyer
Suite policière, Claude Aveline, Mercure de France, 1987, 951p.
L’Affaire Manderson, E.C. Bentley, 1996, Le Masque, 252p.
Trois Détectives, Leo Bruce, Le Masque
L’Invisible Monsieur Levert, John Sladek, Red Label
Le Secret de la bande élastique, Rex Stout, Rivages Mystère, 1988, 6,50 euros, 220p.
Les enquêtes de Charlie Chan, Earl Derr Biggers, Bouquins-Laffont, 1993, 21,19 euros, 1214p.
Crimes et Chuchotements, Mildred Davis, Rivages Mystère, 1995, 17,95 euros, 227p.
2 commentaires:
Je confirme: le Ned Crabb vaut le déplacement. C'est décalé à souhait et écrit dans un style irréprochable
Je renchéris sur Vilar dont j'avais parlé chez Duclock, quiconque l'a lu ne peut que se souvenir des chats et de la bicyclette de Victor (qui n'est pas bleue).
De mon côté je note Chesterton sur mes tablettes à mettre au programme de cet hiver.
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