Flic ou caillera, Rachid Santaki

mardi 6 août 2013


Saint Denis, ville de banlieue, proche de La Courneuve que certains voulaient nettoyer au karcher, proche de Clichy où Ziad et Bouna sont morts dans un transformateur. Le décor utilisé par Rachid Santaki n’est qu’une image pour beaucoup de lecteurs. C’est un lieu bien concret avec des tensions que l’auteur s’emploie à rendre palpables. Les jeunes ont tous les profils : impliqués dans le trafic de drogue, travailleurs, éducateurs, sportifs... Il y a en a un en particulier qui va être confronté à des choix. Pas toujours facile de rester dans le droit chemin, au moindre dérapage les flics mettent la pression. Les enjeux (amitié, famille, argent) sont portés par des personnages dramatiques assez forts, que l'auteur évite de faire tomber dans la caricature. Deux façons de vivre s'affrontent. Mehdi a son boulot de Smicard, sa mère, sa copine bourgeoise et ses graffs. Face à lui, le trafiquant de drogue Saïd Bensama paie ses jeunes guetteurs 500 à 1000 euros par mois. La bande-son rap - avec une incursion chez Jacky Quartz et Joe Dassin - les graffs et la boxe thaïe complètent la panoplie banlieue.

Côté style, l’argot est de mise quand l'auteur se met dans les pas de Mehdi. Certains de ses phrases semblent slammées. Dans les dialogues, on retrouve des mots comme belek, gueush, ou mife, si vous êtes perdu le glossaire est livré avec. Les autres chapitres suivent la police et sont marqués par des phrases courtes, à la syntaxe bancale, pas toujours réussie.
« Najet a convaincu son amie. Elle paie les places. Najet prise par le film, agacé par son voisin, un type qui commente le film et tente de sympathiser. »

Quand l’auteur s’éloigne de ce procédé, il réussit d’ailleurs de belles scènes, comme celle du match de boxe raconté en parallèle de la mort d’un toxico. Mais dans l'ensemble des faiblesses gâchent le roman : les intrigues secondaires n’apportent pas grand-chose et le noeud dramatique fini par être dilué. Quant aux nombreuses fautes d’orthographe non corrigées par l’éditeur, elles sont simplement stupéfiantes ! (voir dans l’exemple ci-dessus, ou encore "Quincy les séparent", "ce que raconte les rappeurs", "les employés la chasse"...).

Pour une autre façon de raconter le même genre d'histoire, il faut lire Balancé dans les cordes, de Jérémie Guez.

Rachid Santaki, Flic ou caillera, Editions du Masque, 2013, 16 €, 260 p.

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