L'été approche et nous allons avoir droit aux listes de bouquins pour la plage ; le magazine Lire a ouvert le bal, comme le mentionne Moisson Noire. Des dossiers de saison, à l'intérêt limité pour le non débutant.
Autre prétendant à l'exploration du sujet polar, L'Express fournit un article annonçant Le polar n'a plus mauvais genre. Traduire, le polar se vend.
Christine Ferniot soulève quelques points intéressants, et on peut commencer par réfléchir au sujet du supposé gain en qualité d'écriture. Si certains auteurs de "blanche" ont commis leur polar en conservant la rigueur de leur travail d'écriture (Tanguy Viel, Echenoz...), à l'inverse les auteurs de polar basique sont pléthore, leur nombre a augmenté à l'image des velléités d'écriture de tout un chacun et des possibilités de publication (il faut bien alimenter les collections qui ont émergé). Le pourcentage de déchet est important. Le polar a gagné une reconnaissance en tant que genre, mais aujourd'hui surtout en tant que marchandise qui fait des ventes. Simenon est à La Pléiade, mais on n'a pas encore trouvé la relève.
Si 1 roman sur 4 vendus est un polar - et en admettant le principe de l'article "Aujourd'hui on parle volontiers de roman noir pour éviter le mot polar" - le roman vendu est certainement plus souvent un thriller qu'un roman noir. L'article le confirme en mentionnant le succès des Dan Brown et Maxime Chattam, gentiment qualifiés de "romans simples." Pourquoi ces romans plaisent ? "Leur force, c'est d'explorer l'inhumain, d'aller au bout de la violence, à l'origine du mal, dit Vincent Colonna. Cette "littérature de la pulsion", comme l'exprime Francis Geffard, colle à une époque, à sa violence, face à un monde formaté." Le Mal avec un grand M, l'œuvre du super vilain, du tueur, du grand méchant inhumain. Un personnage souvent qualifié de "monstre". Un monstre animal, qui n'a donc rien de commun avec le commun des mortels. L'emploi du mot inhumain n'est pas anodin. C'est une façon de se rassurer quant à notre faillibilité, et encore plus, de légitimer les réactions de vengeance face à ce type de personnage. Ce n'est que de la fiction, diront certains, mais l'on sait bien les habitudes de pensée créées par la fiction. Le "monstre" permet de prendre ses distances : il n'est pas comme nous, et les causes de son état, de ses agissements, sont bien souvent occultées. Dans ce type de romans, le monstre est rarement le produit de notre société. C'est la faute aux "desseins de la nature", ce qui a vite fait de mener à la théorie du plus fort et au "tuer ou être tué" (exemples que l'on trouve notamment dans le roman de Shane Stevens, Au-delà du mal)
L'article aborde enfin la notion de mode, car "Aujourd'hui c'est le polar, et le danger est de voir tout le monde écrire et éditer du polar" et nous acquiescerons à cette conclusion. Aujourd'hui, tout le monde ou presque écrit du polar, en édite et s'auto-édite. Il faudra en reparler dans 50 ans pour examiner quels auteurs ont survécu à cette avalanche de publications.
Autre prétendant à l'exploration du sujet polar, L'Express fournit un article annonçant Le polar n'a plus mauvais genre. Traduire, le polar se vend.
Christine Ferniot soulève quelques points intéressants, et on peut commencer par réfléchir au sujet du supposé gain en qualité d'écriture. Si certains auteurs de "blanche" ont commis leur polar en conservant la rigueur de leur travail d'écriture (Tanguy Viel, Echenoz...), à l'inverse les auteurs de polar basique sont pléthore, leur nombre a augmenté à l'image des velléités d'écriture de tout un chacun et des possibilités de publication (il faut bien alimenter les collections qui ont émergé). Le pourcentage de déchet est important. Le polar a gagné une reconnaissance en tant que genre, mais aujourd'hui surtout en tant que marchandise qui fait des ventes. Simenon est à La Pléiade, mais on n'a pas encore trouvé la relève.
Si 1 roman sur 4 vendus est un polar - et en admettant le principe de l'article "Aujourd'hui on parle volontiers de roman noir pour éviter le mot polar" - le roman vendu est certainement plus souvent un thriller qu'un roman noir. L'article le confirme en mentionnant le succès des Dan Brown et Maxime Chattam, gentiment qualifiés de "romans simples." Pourquoi ces romans plaisent ? "Leur force, c'est d'explorer l'inhumain, d'aller au bout de la violence, à l'origine du mal, dit Vincent Colonna. Cette "littérature de la pulsion", comme l'exprime Francis Geffard, colle à une époque, à sa violence, face à un monde formaté." Le Mal avec un grand M, l'œuvre du super vilain, du tueur, du grand méchant inhumain. Un personnage souvent qualifié de "monstre". Un monstre animal, qui n'a donc rien de commun avec le commun des mortels. L'emploi du mot inhumain n'est pas anodin. C'est une façon de se rassurer quant à notre faillibilité, et encore plus, de légitimer les réactions de vengeance face à ce type de personnage. Ce n'est que de la fiction, diront certains, mais l'on sait bien les habitudes de pensée créées par la fiction. Le "monstre" permet de prendre ses distances : il n'est pas comme nous, et les causes de son état, de ses agissements, sont bien souvent occultées. Dans ce type de romans, le monstre est rarement le produit de notre société. C'est la faute aux "desseins de la nature", ce qui a vite fait de mener à la théorie du plus fort et au "tuer ou être tué" (exemples que l'on trouve notamment dans le roman de Shane Stevens, Au-delà du mal)
L'article aborde enfin la notion de mode, car "Aujourd'hui c'est le polar, et le danger est de voir tout le monde écrire et éditer du polar" et nous acquiescerons à cette conclusion. Aujourd'hui, tout le monde ou presque écrit du polar, en édite et s'auto-édite. Il faudra en reparler dans 50 ans pour examiner quels auteurs ont survécu à cette avalanche de publications.
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