Liste de non-lecture de l'été

lundi 11 juillet 2011


Vous avez lu le dossier Lire ? Les 10 polars de l'année par L'Express ? Les 10 polars de l'été par Le Parisien ? Nous non plus. Et plutôt que de vous refiler des tuyaux compilables à l'infini, voici quelques romans pour ne pas encombrer vos valises. Quitte à dépenser, achetez plutôt une délicieuse glace à l'italienne.

Trio perdant

Chasseurs de têtes de Jo Nesbo (folio policier)
Entendons-nous bien, ce roman est haletant, efficace et mené de main de maître. Il est même, jusqu'à ce que le chasseur soit poursuivi par la tête qu'il a lui-même chassée, largement intéressant, agrémenté des réflexions et critiques sociétales du personnage. J'ai réussi à croire que le scénario était subtilement conçu. Je voyais déjà le trafiquant d'art pris au piège. Il se produit tout autre chose, qui se nomme le grand guignol, aux environs de la moitié du roman. Le gentil candidat à l'embauche devient un caïd militaire tueur absolu, et notre impitoyable chasseur se révèle à lui-même, dans une scène il est vrai d'anthologie qui le voit se plonger dans une fosse à merde pour rendre indétectacles les micro-particules déposées sournoisement dans ses cheveux (technologie moderne !). Too much.

L'armée furieuse de Fred Vargas (Viviane Hamy)
C'est un peu exagéré de vous alléger de ce roman-là, mais enfin, si vous avez lu Un lieu incertain, aimé son ambiance étrange et campagnarde quand elle n'est pas londonienne, il n'est pas indispensable de s'attaquer à L'armée furieuse, malgré ses qualités. L'affaire est toujours parfaitement racontée, tirée par les cheveux pour rendre l'intrigue indémêlable, avec la dose de fantaisie, d'humour et de poésie propres à Fred Vargas et ses personnages. Mais le goût de déjà lu est bien trop tenace.

Moonlight Mile de Dennis Lehane (Rivages/Noir)
Kenzie vire réactionnaire ? Non, quand même pas. Il vieillit, constate que la jeunesse le dépasse, se plaint de ses problèmes de mutuelle... Cet opus, qui voit ce bon vieux Pat et la pétulante Angela mariés avec un enfant, marque sérieusement le pas. Dennis Lehane n'est pas un manche. Comme avec les deux auteurs précédents la maîtrise est là, dose d'humour, pantoufles confortables en la personne des personnages récurrents que le lecteur retrouve ici, égaux à eux-mêmes. Bubba est toujours dur au coeur tendre, et notre héros toujours pris par ses questionnements existentiels. Angie apporte toujours le contrepoids. Toujours, oui, donc de façon assez peu surprenante. Bien sûr qu'on est contents de les voir aux prises avec des problèmes de tous les jours, ces deux-là, mais enfin franchement : si ce roman n'était pas écrit par Dennis Lehane, quelqu'un s'en serait soucié ?

Parfois, il faut savoir bouder son plaisir.

Caroline de Benedetti.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

De toute façon je ne lis pas ce genre de magazine... Et en parlant de magazines au choix convenu, j'ai été "dégouté" par Alibi, pour moi un catalogue de vente avec des articles creux.
bref, on continuera (volontiers) avec l'INdic !

Claude Le Nocher a dit…

Ceux-là n'ont pas besoin de nous "lecteurs", puisqu'ils ont déjà des "acheteurs". Pas la peine d'expliquer la nuance, je présume. Si ? Alors il y a "ceux dont on parle" (lus ou pas) et ceux que nous avons choisis. Les premiers nous excitent moins que les seconds, ceux que nous lisons avec plaisir, voilà tout !
Amitiés.

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