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Jack, le personnage principal qui nous entraîne dans sa
chute morale, est un acteur raté marié à une pute assassinée. Autour de lui,
pas d’amitié ni d’amour, juste des
connaissances. Le flic qui enquête, la femme qui le met dans son lit, le
prostitué camé, la présentatrice télé... Tous sont pervertis, pardon,
« libérés », mais l’assument plus ou moins, et dérivent pour des
raisons diverses (une relation incestueuse, une carrière ratée...). Au début
spectateur de la misère, Jack en devient petit à petit un composant. Il
n’obtient la richesse et un début de célébrité qu’au détriment de tout le
reste. Sur une page, l’auteur vous matraque le moment où il bascule :
« J’avais franchi la ligne qui séparait la conduite acceptable de celle
que la plupart des gens considéraient comme un appel au lynchage. » « Une existence hors des sentiers
battus » « entrer dans un monde où les conventions habituelles ne
s’appliquaient pas » « financer mon retrait de l’Amérique
puritaine » « inutilité de la vie en société ».
Le constat est limpide, écrit à coups de coke, de merde, de
sperme et de sang.
Si les protagonistes transgressent les barrières morales, repoussant certaines limites sans aucune pensée propre, ils demeurent esclaves. Leur univers sans perspectives autre que leur plaisir immédiat et égocentrique les mène immanquablement à la destruction. Jack n’a rien de subversif, il est à part entière dans le système et rêve de ce dont on lui dit de rêver. Rebelle en toc. C’est ce que l’auteur voulait montrer ? Peut-être. L'extrême et l'explicite ne sont pas choquants, ils installent une distance et une froideur qui font perdre sa noirceur à l'atroce. Il y a au final à mon sens plus de transgression et de satire sous la plume d’Heinrich Steinfest évoquant la relation incestueuse de son flic dans Requins d’eau douce ou
dans la déchéance du Captain Blood de Michael Blodgett.
Mise à jour : Yan a lu le roman, avis à lire sur son blog Encore du Noir.
Mise à jour : Yan a lu le roman, avis à lire sur son blog Encore du Noir.
Caroline de Benedetti
La belle vie, Matthew Stokoe, Gallimard/Série Noire, 2012, 23,50 €, 450 p.
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