C'est une ville avec un port, de la pluie et un puissant groupe de presse qui publie un quotidien que la populace lit au comptoir avec son café. Saproville-sur-Mer n'existe pas sur la carte, mais elle évoque toutes ces communes où les notables et les jeux de pouvoir sont familiers des habitants.
Avec la mort du dernier rejeton de la lignée Kerbrian du Roscoät, PDG du journal France Océan, les flics vont lever de gros lièvres. S'il fallait rapprocher la trame de ce roman avec des équivalents télévisuels, on pourrait songer à The Wire, et Engrenages. Police, justice, politique, presse : les 4 pouvoirs se côtoient, ripaillent ensemble, trinquent au bistrot et crottent leurs bottes à la chasse au sanglier.
Qui dit crime dit chercher la femme, ou chercher l'argent, une fois n'est pas coutume.
Si les motivations du crime ne semblent pas toujours évidentes, le motif général l'est. Corruption. Cette société n'a rien inventé de nouveau, Michel Embareck non plus, qui place dans ce bourbier un vieux détective tout juste remis de son AVC et ne rechignant pas à la violence pour régler les conflits. La créativité de l'auteur entre alors en jeu. La gouaille d'un style qui ne livre pas les éléments clé en main, et l'univers de Boudreaux le privé attaché à la Nouvelle-Orléans (la ville où Lew Griffin, le privé de Sallis, travaille avec un Boudleaux...), font l'attrait de ce polar savoureux. Avis d'obsèques est sans conteste reconnaissable entre dix pour un blind test au milieu d'autres polars français.
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