À toutes fins utiles, Jean-François Pasques

dimanche 27 avril 2014


L'univers romanesque de Jean-François Pasques est celui du quotidien d'un flic, le capitaine Goisset. Que ce soit au travers d'une garde à vue à la PJ de Paris (La bascule), ou comme ici avec le récit minutieux d'une enquête nantaise, le lecteur peut sentir le parfum de relations humaines idéalisées et le côté un peu désuet d'un temps qui n'a jamais existé. 

Dans la description des rapports entre le juge et sa secrétaire, dans le contact entre le flic et l'avocate, ou dans l'engagement de Goisset pour innocenter son collègue, il se dégage un portrait, celui d'un homme en quête de droiture et de confiance, de relations saines et simples.

Dans un roman écrit par un policier, les réflexions sur le métier prennent le poids de l'expérience. Difficile de ne pas imaginer l'auteur derrière le personnage ; le besoin de se libérer de certaines réflexions transparaît entre les lignes. Point récurrent chez les auteurs-policiers : ils soulignent une proximité entre leur travail à rédiger des constates, et celui de l'auteur : créer, c'était vivre une deuxième fois, corriger, mourir en avant-première. Pour Goisset, l'écriture devient une bouée pour ne pas sombrer, face à son travail de "chat noir" (comme le surnomment ses collègues) préposés aux suicides. Ce forcené sans espérance lutte contre la routine et la misère.

L'affaire que raconte Jean-François Pasques, le meurtre d'une jeune toxico liée à un flic des Stups, n'est pas la partie la plus intéressante. De scène de crime en vocabulaire technique livrés avec force détails, les éléments policiers ne retiennent pas vraiment l'attention. La matière première de l'auteur, c'est le facteur humain qui anime ses personnages. Les traumatismes d'enfance et les secrets de famille l'intéressent bien plus. De ce voyage au plus près du capitaine Goisset, il se dégage comme un rêve de gosse, une envie de justice et d'un monde où le bien triompherait. Une utopie ?

À toutes fins utiles marque la fin de la trilogie policière de Jean-François Pasques. Une fin brutale qui révèle sans doute le besoin de l'auteur d'en finir avec cet univers. Il sera intéressant de le retrouver dans des histoires plus distanciées.

Jean-François Pasques, À toutes fins utiles, Editions Ovadia, 2014.

Caroline de Benedetti

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