Histoire de femmes, de la condition ouvrière et des immigrés au Japon, Out raconte les plus faibles et l'affrontement de deux individus.
Tout commence avec un cadavre. Ce mort-là va donner lieu à une scène de découpage digne des plus belles scènes d'horreur, sans jamais approcher d'un cheveu le plus mauvais des thrillers. L'homme mis en pièce détachées va lier entre elles 4 ouvrières : Yayoi, Kuniko, Masako et Yoshié. Solidaires sur la chaîne de production de l'usine, elles deviennent complices par la force du cadavre.
Une fois cette première partie logistique réglée, le récit s'oriente vers l'enquête et ses conséquences. L'auteur approfondit les rapports entre ces femmes, le caractère de chacune se dessine avec une précision qui fait mesurer les éléments psychologiques, les enjeux et risques pour chacune d'entre elles. Assez rapidement, la focale se ressert sur Masako, femme mariée comme ses 2 autres partenaires Yoshié et Yayoi. Kuniko est la célibataire du quatuor, tendance bête et méchante.
- Je suis devenue un insecte. Je reste sous la terre sans rien faire.
- Quelle chance de pouvoir être un insecte !
- Tu veux dire que tu envies les femmes ?
- Ben oui, peut-être.
La famille, les enfants, la place de la femme et celle de l'homme sont bien sûr évoqués à travers ces différents portraits. Chez Masako, la famille provoque surtout une grande solitude puisque le dialogue avec son mari et son fils ont disparu au point d'avoir presque effacé son identité et son goût pour la vie, déjà mise à mal par la perte de son précédent emploi.
Face à elle une ombre se dessine, celle de Sataké, mac et gérant de salle de jeux, qui fait office de suspect dans l'affaire du cadavre découpé en morceaux. Masako et Sataké incarnent deux côtés d'une même médaille, deux individus transformés par la mort, qu'ils ont connu de près, non parce qu'ils ont failli mourir, mais parce qu'ils ont participé à celle d'un autre. Masako et Sataké veulent retrouver cette excitation. Masako, en coupant le cadavre en petits morceaux, a rassemblé ceux d'elle-même, éparpillés au fil du temps. Elle est revenue à la vie et devient logiquement un objet de fascination pour Sataké. Il ne pourra en rester qu'un...
Out souffre de quelques longueurs, mais c'est un roman infiniment riche en sujets et personnages réussis.
Out, Natsuo Kirino, Seuil, 2006, 590 p., 21,30€
Caroline de Benedetti
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