Les territoires d'Olivier Norek sont ceux de la cité, celle du 9-3, la banlieue fantasmée. L'auteur a sans doute vu The Wire, mais son roman est loin d'avoir la finesse de la série américaine.
L'organisation des dealers, le fonctionnement d'une mairie, le travail du politique avec la police, les opérations de maintien de l'ordre, l'expérimentation des drones en appui des équipes policières... Olivier Norek est lieutenant de police, la matière de cette histoire a le parfum des infos de première main et c'est ce qui en fait tout l'intérêt. Entre ensuite en jeu l'analyse des choses, notamment sur le sujet de la dépénalisation :
"La vente du cannabis rémunère une partie de cette population dont on ne sait pas quoi faire. Si on leur retire ce gagne-pain, ils devront trouver une autre source de revenus. Braquages, prostitution, enlèvements. C'est un moindre mal dans une situation sans issue."
Sans issue ? Et si la dépénalisation posait problème à l'Etat aussi parce que la drogue rapporte de l'argent à des gens très bien placés ?
Territoires est écrit du point de vue de la police. Le capitaine Coste est donc borderline mais gentil, et son corps de métier ne cherche qu'à maintenir la paix dans la cité, prise entre dealers et politiques corrompus. Les émeutes sont déclenchées par magouille politique, mais un jeune qui meurt en scooter, c'est un accident, et le policier responsable ne veut pas finir injustement harcelé comme ses collègues de Viliers le Bel et Clichy. Le panorama des activités policières en banlieue est sans doute exact mais pour le moins partiel, quelle que soit la difficulté qu'on reconnaisse au métier, et que l'auteur restitue bien. Mais l'histoire est épurée par exemple des contrôles d'identité et autres activités de la BAC. La violence des habitants n'existerait que par "simple plaisir", autant dire que tout habitant du 9-3 est un rebelle sans vision politique : "Les émeutiers se divisent en quatre catégories. Pilleurs, incendiaires, casseurs et sauvages : les PICS. Si les trois premières ne s'attaquent qu'à la ville, la dernière catégorie vise essentiellement les forces de l'ordre. Par vengeance, par ennui, pour suivre le groupe. Souvent, par simple plaisir."
Certains romans ne se lisent pas sans une vision sur l'organisation de la société.
Caroline de Benedetti
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire