Si tous les dieux nous abandonnent, Patrick Delperdange

vendredi 8 janvier 2016


Le début d'un roman suffit à se faire une idée de sa qualité, dit-on. C'est parfois vrai, alors l'impression initiale se confirme à la fermeture de l'ouvrage. Dans Si tous les dieux nous abandonnent, les 7 premières lignes plantent une ambiance prometteuse, avec ses possibilités d'excès.

Dans chaque chapitre, un narrateur se raconte à la première personne. Ils sont trois : Céline a tué son violeur. Léopold attend la mort dans un veuvage solitaire. Josselin est mal accompagné par un frère violent. Tous se situent du côté du prolétaire rural plus que du néo-rural de la classe moyenne. Le langage est donc en fonction. Le lecteur, lui, plonge directement dans l'action et dans la psychologie. Avec le travers que cela peut comporter : avoir trop de données sur les motivations des personnages. L'auteur n'en dit pas trop heureusement, car les zones d'ombres sont plus propices à faire travailler l'imaginaire. 

Maisons, routes, forêt, caravanes, étang... Le paysage décrit n'a pas de pays et il est parfois possible de s'imaginer aux Etats-Unis, dans une histoire de Jim Thompson. Sans doute parce que les gens que l'auteur décrit s'apparentent aux abrutis, vicieux et paumés qu'affectionne l'américain. Sans doute parce que Delperdange aime les polars américains. Il parvient à nous placer au plus près de ses personnages. Leur souffrance, leur bêtise, leurs questionnements sont palpables, compréhensibles. Dans le dernier quart du roman le drame s'accélère comme il se doit, et les comportements basculent un peu à outrance. L'irruption de ces excès, surtout en ce qui concerne Josselin, tranche avec l'équilibre entretenu au début du roman. L'accélération de la folie, la symbolique clairement affichée entre lumière et ténèbres (et les dieux présents dans le titre) alourdissent et laissent dubitatif. Pas comme chez ADG, prenons La nuit des grands chiens malades, où le burlesque dramatique est présent dès le début.

Hormis ces quelques réserves, bienvenue dans un roman noir rural réussi. Patrick Delperdange n'en est pas à son premier polar, Prix Simenon en 1987 pour Monk, on peut aussi le lire chez Actes Sud avec Coup de froid (1992).

Patrick Delperdange, Si tous les dieux nous abandonnent, Série Noire, 2016, 17 €, 230 p.

Caroline de Benedetti

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Rarement vu une écriture aussi plate et donc aussi faible. Delperdange ou l'absence de qualités littéraires. Affligeant.

Fondu Au Noir a dit…

Bonjour,
Avec un peu plus d'exemples, on aurait pu en discuter ! Sinon, nous avons déménagé ici : http://fonduaunoir.fr/

Anonyme a dit…

Exemple parmi des centaines :

«J'ai attendu un moment avant de me pencher vers lui et de le prendre dans mes bras. Le monde aux alentours avait cessé de remuer. Pas la moindre petite branche ne bougeait. Le temps s'était figé une fois pour toutes. Et lui aussi.
Je l'ai soulevé et un rayon de lumière a alors traversé le rideau des branches et a éclairé mon bébé.
Je me suis mise à danser lentement, à danser et à danser de plus en plus vite, tournoyant sur moi-même, tournant et tournant à en perdre la tête,»

Poncifs thématiques ET d'écriture.

Bref, écriture tellement facile.

Merci pour le lien.

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