Joe, David Gordon Green

mardi 20 mai 2014



À regarder l'affiche, il y avait du pour et du contre : l'adaptation de Joe, le très bon roman de Larry Brown, et les mauvais rôles que Nicolas Cage accumule depuis quelques années.

Assez vite, le film montre son penchant lourdingue. Le réalisateur en fait des tonnes : omniprésence de la musique (souvent beaucoup trop redondante avec l'image), ralentis inutiles... Il veut montrer que l'histoire se passe dans la poussière et la chaleur, avec les rednecks, ces bouseux qui vivent comme des sauvages, et il force le trait ; sauf que Nicolas Cage garde des dents impeccables et que ses habits ne sont pas souvent sales ni froissés. 

Côté jeu, il faut bien le reconnaître, et ce malgré l'excellence de rôles passés comme Leaving Las Vegas ou encore Sailor et Lula et Volte Face, Nicolas Cage force un peu sur le côté ours mal léché et le froncement de sourcils (l'accent aussi semble trop appuyé). C'est d'autant plus dommage qu'il peut faire autrement, et il le prouve pendant la scène - tendre et drôle - où il se soûle avec le jeune Gary. 

L'histoire traîne en longueur et on voit assez vite la direction qu'elle prend. Un homme seul qui lutte contre sa violence, un jeune qui cherche à s'émanciper... Devinez ! On trouve là tous les clichés et les poncifs du roman noir.

Le roman de Larry Brown est bien plus intense que la représentation donnée par le film, et surtout il ne finit pas de la même façon, ce qui change beaucoup de son sens. Mais laissons de côté ces comparaisons rarement avantageuses. Il reste que ces quelques défauts mettent à mal l'émotion que devrait provoquer le film de David Gordon Green. De rares scènes sortent du lot (Gary qui frappe le balafré sur le pont) surtout grâce au jeune acteur Tye Sheridan (déjà apprécié dans Mud) qui possède un jeu des plus subtils, et à Gary Poulter dans le rôle du père alcoolique (un SDF engagé par le réalisateur, et décédé deux mois après la fin du tournage). En vérité, on s'ennuie assez vite à tourner en rond dans le noir.


Caroline de Benedetti.

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