Pendant que sortent des films de stars à la pelle dans des salles qui vendent leurs places à 9,80 euros et pondent des tickets à 5,50 euros tellement ça ne fonctionne pas, des films discrets passent dans des vieilles salles aux sièges en cuir qui craque avec un tarif unique à 5,50 euros. C'est là que nous sommes allés voir Winter's bone, parce que le film est tiré d'un polar de Daniel Woodrell, qui n'est pas un manche, et parce que le film avait plutôt de bons échos auprès de notre panel de référence.
Il y a quelques jours nous sommes allés dans un lycée pour parler de l'image de la femme dans le polar au cinéma avec des jeunes. Extraits de The Wire, Death Proof ou Le faucon maltais à l'appui, nous avons tenté de leur montrer qu'un écran passe aussi un message. Winter's bone rentre parfaitement dans ce cadre. Cette adolescente de 17 ans qui prend en charge sa mère, son frère et sa sœur en l'absence d'un père emprisonné, remet quelques pendules à l'heure. La réalisation de Debra Granik n'y est pas pour rien. Sobre, pleine de gros plans photographiques superbes, elle sait jouer de la subtilité par les silences et les images, sans tout livrer dans les dialogues, aidée par des acteurs irréprochables. Faut voir la tronche de Merab - celle qui bastonne Ree avec l'aide de ses sœurs dans une scène qui montre bien que la violence n'a pas besoin de gros plans pour être choquante - jouée par l'actrice Dale Dickey, encore une quasi inconnue du casting. Ce qui n'est plus le cas de Jennifer Lawrence, héroïne du film, nominée aux Oscars, et qui va jouer dans un prochain X-Men.
En voyant Winter's bone, impossible de ne pas penser à un autre film, à plein d'autres films, en fait, et à des romans, tout ceux qui se tiennent loin des buildings américains et des femmes "coiffées comme un caniche" à l'image de cette chanson d'Arno. C'est l'Amérique white trash, celle qui porte la salopette crasseuse et vit dans des caravanes, des mobiles homes toujours affreusement décorés. Il y a Frozen River, et en remontant plus loin encore Délivrance - qui tient d'ailleurs plus du redneck que du white trash - et puis les romans de Jim Thompson, et à une autre échelle le dernier opus de Pascal Dessaint Le bal des frelons.
Vous pensez à quoi, vous, comme films white trash ?
3 commentaires:
Il y a l'excellent, très étrange et déviant "Freeway" de Matthew Bright (1997) avec une Reese Witherspoon plutôt convaincante.
Et le "8 miles" de Curtis Hanson, je me demande si ça rentre pas dedans, même si c'est plutôt urbain comme ambiance.
Moi, j'ai pensé à "Wanda", de Barbara Loden (1970)..plus récemment, dans le genre white trash, il y a la jeune mère dans "Gone, baby Gone", de Bob Affleck, adaptation de Denis Lehanne, plus réussie que celle de Mystic River par qui-vous-savez...et puis "Shotgun stories " de Jeff Nichols avec l'immense Michael Shannon!
et normalement, n'importe quelle adaptation d'un bouquin d'Harry Crews devrait être exemplaire du genre "white trash"....
Jocelyne
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