Entre la fin de la deuxième guerre mondiale et le début de la guerre d’Algérie se logent des histoires intenses vécues dans des conditions extra-ordinaires. Hervé Le Corre plonge dans cette période deux personnages dont la complexité toute humaine fait le sel, loin des héros prémâchés.
D’un côté il y a Darlac, le flic pourri doublé d’un cynique. Il « trouve que certaines gens méritent le merdier où ils pataugent. » Il s’apitoie sur une jeune pute, éprouve du désir pour sa fille adoptive et abat un de ses acolytes. De l'autre côté, le jeune Daniel est le modèle de l’étudiant innocent passionné de cinéma, qui passe des conversations animées avec ses copains à son embarquement pour l’Algérie. Dans les collines, il se révèle bon tireur et découvre que la guerre « a donné un sens à sa vie. » Là-bas, il cesse d’observer le monde à travers ses doigts placés en cadre d’écran de cinéma. Désormais, il voit et éprouve les choses à travers la lunette de son fusil. Entre Daniel et Darlac, un homme réclame vengeance, lui qui « se fait l’effet d’être un fantôme, un revenant ne sachant plus d’où il revient mais terrifié d’y être parti. »
Hervé le Corre revient fort avec ce roman où l'on retrouve avec plaisir sa belle écriture. Le rythme de certains passages n’est pas sans rappeler le phrasé de Cormac Mac Carthy. La succession de "et", sans doute. Une grande émotion se dégage de l'histoire de ces hommes transformés par l'Histoire, héritiers des guerres marqués par le deuil et l’abandon.
Hervé Le Corre, Après la guerre, Rivages/Thriller, 2014, 19,90 €, 528 p.
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