Paul Colize est un habile conteur d'histoires. Back Up avait tous les ingrédients pour plaire, quoique pas très aboutis à mon sens, avec en plus l'impression de voir les coutures. Dans Un long moment de silence aussi, tous les éléments sont réunis. Il est d'ailleurs possible de faire un parallèle avec le succès du roman d'Hervé Le Corre cette année. Après la guerre, dans un autre style, sans doute plus remarquable, raconte une autre histoire de famille qui plonge ses racines dans la seconde guerre mondiale.
Difficile de ne pas se sentir touché par ce genre de contexte. Paul Colize évoque la guerre et l'initiative vengeresse d'un groupe de juifs mené par un certain Nathan, à la poursuite de criminels nazis. Ca, c'est pour le passé et la thématique d'un (im)possible pardon. Le récit au présent a pour personnage principal Stanislas, un patron d'entreprise, baiseur impénitent et fâché avec son fils. Il porte un double traumatisme : la mort de sa femme dans un accident de voiture, et l'assassinat de son père dans un attentat au Caire. Du coup, Stanislas a vraiment, vraiment un sale caractère. On voit bien l'idée : le personnage détestable qui vous touchera quand même.
À part cet aspect un peu caricatural, le manque d'épaisseur du personnage de Nathan et quelques scènes de cul au langage tour à tour cru et emprunté ("elles assument, aspirent à ce que j'investisse pleinement les orifices dont la nature les a pourvues"), le roman se lit avec plaisir. L'énigme de la mort du père offre plusieurs possibilités que le lecteur ne manquera pas d'imaginer sans pour autant toucher la vérité. Les secrets de famille de Stanislas Kervyn intriguent et touchent.
Caroline de Benedetti
Paul Colize, Un long moment de silence, La Manufacture de Livres, 2013 (Folio policier)
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